Présentation
Addictions France publie un état des lieux sur la promotion de l'alcool sur les réseaux sociaux et demande l'interdiction de toute publicité en faveur de l'alcool sur ces plateformes. L'association indique avoir poursuivi l'observation des contenus après la publication d'un rapport en 2024.
Chiffres et période observée
Dans un rapport publié en septembre 2024, intitulé « Promotion de l'alcool : les réseaux sociaux, un nouveau Far West », Addictions France signale avoir identifié plus de 11 300 contenus promouvant l'alcool, publiés par 802 marques et 483 influenceurs entre juin 2021 et janvier 2024. Après un suivi complémentaire, l'association relève que 42 % des influenceurs repérés continuent à promouvoir la consommation d'alcool malgré des messages de sensibilisation qui leur ont été envoyés. Parmi ces influenceurs, 92 sont mentionnés comme détenteurs du certificat « influence responsable » délivré par l'ARPP.
Modalités de promotion et exposition
Addictions France indique que la majorité des contenus repérés sont des « stories », contenus éphémères difficiles à sanctionner, représentant 73 % des éléments identifiés. L'association signale que ces publications associent fréquemment l'alcool à la fête, à la convivialité ou à l'idée de plaisir. Elle rapporte par ailleurs que 79 % des personnes âgées de 15 à 21 ans voient des publicités pour l'alcool sur les réseaux sociaux chaque semaine.
Cadre juridique
La loi Évin, promulguée le 10 janvier 1991, encadre la vente et la promotion de l'alcool et du tabac et interdit notamment le recours à des personnalités pour promouvoir l'alcool ainsi que l'association de ce produit à des éléments tels que la fête, la convivialité ou l'humour. Addictions France considère que la régulation en place présente des limites face aux pratiques observées sur les plateformes numériques.
Décisions judiciaires et initiatives législatives
En réponse à des contenus identifiés, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné en avril le retrait par Meta (Facebook, Instagram) d'une vingtaine de publications émises par treize influenceurs, dont Juan Arbelaez et Malika Ménard. L'association avait déjà obtenu une décision judiciaire à la fin de 2023. Par ailleurs, une proposition de loi transpartisane soutenue par des personnalités et des professionnels du secteur, dont Claude Evin, a été repoussée sans débat à l'Assemblée nationale quelques semaines avant cette décision judiciaire.
Des procédures distinctes ont conduit à des condamnations en avril 2024, concernant des collaborations commerciales entre influenceurs et producteurs, mentionnées dans le suivi médiatique des pratiques de promotion.
Position d'Addictions France
À l'issue de ses observations, Addictions France demande l'interdiction de toute publicité en faveur de l'alcool sur les réseaux sociaux, invoquant l'exposition régulière des jeunes publics et la persistance de pratiques contraires, selon ses relevés. L'association précise que son enquête a bénéficié du financement du Fonds de lutte contre les addictions.








