Jugement
Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé le philosophe Raphaël Enthoven du chef d'injure publique à l'encontre de La France insoumise (LFI). Le tribunal a considéré que les propos poursuivis n'avaient pas excédé les limites admissibles de la liberté d'expression et s'inscrivaient dans un débat d'intérêt général.
Contexte
Le 1er mai 2024, Raphaël Enthoven a publié sur le réseau social X un message visant La France insoumise, en réaction à l'exfiltration du député Raphaël Glucksmann lors d'un cortège à Saint-Étienne et à des incidents signalés sur ce cortège (jets de peinture et de canettes). Dans ce message, Enthoven a notamment écrit que "La France insoumise est un mouvement détestable, violent, complotiste, passionnément antisémite" et employé d'autres formules visant le mouvement.
Procédure judiciaire
La France insoumise a déposé plainte pour injure publique et réclamé 10 000 euros de dommages et intérêts. Le parti a relevé plusieurs passages du message comme constitutifs d'injure, notamment des expressions visant le groupe dans son ensemble.
L'audience devant le tribunal correctionnel de Paris s'est tenue le 23 septembre 2025. Le jugement de relaxe a été prononcé le 6 novembre 2025. Le tribunal a débouté LFI de l'ensemble de ses demandes.
Arguments et motifs de la décision
Le ministère public a relevé que certains termes pouvaient avoir une connotation injurieuse, mais a rappelé que des propos injurieux peuvent, dans certains cas, être admis lorsqu'ils reposent sur une base factuelle et s'inscrivent dans un débat d'intérêt général.
Les magistrats ont estimé que, malgré la portée outrageante et le caractère injurieux des propos au sens de la loi, ces propos s'inscrivaient dans le cadre d'un débat d'intérêt général suscité par les faits du 1er mai 2024 et par des polémiques antérieures portant sur des actes ou propos attribués à des membres de LFI. Ils ont conclu que les limites admissibles de la liberté d'expression n'étaient pas dépassées dans le contexte décrit.
Déclarations et réactions
Après l'énoncé du jugement, Raphaël Enthoven a repris sur X sa qualification du mouvement et affirmé que l'expression de cette opinion n'était pas constitutive d'un délit. Son avocat a soutenu que le droit de critiquer un parti politique entre dans le champ de la liberté d'expression.
La coordination de La France insoumise a exprimé son désaccord avec la décision. L'avocat du parti a indiqué qu'un recours visant d'éventuels dommages et intérêts était envisagé.
Conséquences procédurales
La décision de relaxe met fin à la procédure pénale pour injure publique à l'encontre de Raphaël Enthoven dans cette instance. Les parties civiles conservent la possibilité, dans les conditions prévues par la loi, d'exercer des voies de recours ou d'engager des actions civiles pour obtenir des dommages et intérêts.








