Contexte
Des signalements de drones non identifiés au-dessus du Danemark et des incursions aériennes signalées dans d'autres pays européens ont conduit les dirigeants des États membres de l'Union européenne à se réunir à Copenhague, lors d'un sommet informel consacré principalement aux enjeux de défense. Le sommet s'est tenu le 1er octobre 2025. Plusieurs aéroports danois, dont celui de Copenhague, ont été temporairement fermés à la suite de ces signalements. Des renforts policiers et militaires ont été déployés sur place et des équipements antidrones ont été fournis par des partenaires extérieurs.
Déclarations des dirigeants
Emmanuel Macron a déclaré dans une interview au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung que "conformément à la doctrine de l'ambiguïté stratégique, rien n'est exclu" en termes de riposte si un avion russe violait de nouveau l'espace aérien européen. Il avait précédemment indiqué, le 24 septembre, que les pays de l'Otan devaient "monter d'un cran" leur riposte en cas de "nouvelles provocations", tout en ajoutant qu'"on ne va pas ouvrir le feu".
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a demandé une "réponse très forte" de l'Europe face à ce qu'elle a qualifié de "guerre hybride" menée selon elle par la Russie, en faisant état de survols répétés du territoire danois par des drones non identifiés. Elle a appelé à un renforcement des capacités de défense et à des innovations dans ce domaine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que la Russie cherchait à "tester" les États européens et à "semer la division et l'angoisse". Plusieurs dirigeants ont décrit la situation comme un facteur de tension nécessitant des réponses collectives.
Mesures et discussions au sommet
Les États membres ont engagé des discussions sur le renforcement de la défense du continent et ont identifié quatre priorités : la défense de l'espace, le renforcement du flanc est de l'Union, la défense antimissile et des dispositifs anti-drones. L'Allemagne a annoncé la création d'un "centre commun de défense contre les drones" destiné à échanger des informations, analyser les menaces et coordonner des mesures opérationnelles.
La Commission européenne a indiqué avoir mis à disposition des États membres un montant de 150 milliards d'euros sous forme d'emprunts entièrement souscrits, dont 100 milliards destinés aux pays dits de "la ligne de front". Les États membres ont demandé des précisions sur l'organisation et la mise en œuvre des capacités envisagées ; la Commission doit revenir vers eux avec une feuille de route prévue à la fin octobre.
Aucun accord formel n'a été annoncé à l'issue du sommet informel ; les négociations politiques sur les mesures de long terme de défense devaient se poursuivre dans les semaines suivantes.
Financement et questions liées à l'Ukraine
La réunion a aussi abordé le financement pérenne du soutien à l'Ukraine. La possibilité d'une meilleure utilisation des avoirs russes gelés en Europe a été évoquée. Ces avoirs incluent des actifs évalués à environ 210 milliards d'euros détenus par la banque centrale russe auprès d'Euroclear et immobilisés depuis 2022. La Commission a chiffré à 140 milliards d'euros le montant potentiel d'un prêt à long terme pour l'Ukraine. Plusieurs États membres ont exprimé des réserves quant à l'utilisation directe de ces actifs, citant des risques pour la stabilité des marchés.
Par ailleurs, les discussions sur l'encouragement de l'Ukraine dans ses efforts d'adhésion à l'Union européenne se heurtent à l'opposition de la Hongrie. Le président du Conseil européen a proposé d'envisager des modalités de vote à la majorité qualifiée pour l'ouverture des chapitres d'adhésion, proposition qui a été confrontée au refus explicite du Premier ministre hongrois.
Autres éléments évoqués
Plusieurs États ont envoyé des renforts militaires et du matériel antidrones pour soutenir la sécurité à Copenhague. Des responsables ont rappelé la nécessité d'améliorer la coordination opérationnelle et de renforcer les capacités de surveillance et d'intervention face aux menaces aériennes et électroniques.
Emmanuel Macron a également évoqué la nécessité de maintenir la coopération franco-allemande sur des programmes capacitaires, en particulier le programme du futur avion de combat européen, et a annoncé l'actualisation de la doctrine nucléaire française, avec un discours prévu au début de 2026.
Suites attendues
Les États membres ont prévu de poursuivre les discussions techniques et politiques sur les mesures de défense et de financement. La Commission européenne doit présenter une feuille de route à la fin octobre, et des réunions politiques ultérieures étaient annoncées pour approfondir les décisions sur les projets prioritaires et les mécanismes de financement.