Synthèse
La publication de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) a été suspendue le 28 novembre 2025 par Matignon, car le Premier ministre n’avait pas été informé ni n’avait validé le document. Issue de la Convention citoyenne sur le climat et de la loi Climat et résilience, la Snanc visait à définir, pour 2030, des actions convergentes en matière de santé et de climat, sans budget dédié et en s’appuyant sur des dispositifs existants.
Contexte
La Snanc a pour objectif de promouvoir une alimentation jugée plus saine et moins émettrice de gaz à effet de serre d’ici 2030. Elle s’inscrit dans la continuité des travaux de la Convention citoyenne et de la loi Climat et résilience adoptée en 2021. La publication du texte était attendue depuis plusieurs années.
Calendrier et suspension
La publication officielle, annoncée pour la mi-journée du 28 novembre 2025, a été interrompue par Matignon. L’entourage du Premier ministre a précisé que la décision résultait du fait que le chef du gouvernement n’avait pas été informé et n’avait pas validé la version diffusée du document.
Contenu prévu et mesures clés
La Snanc proposait plusieurs axes d’intervention : améliorer la qualité nutritionnelle des repas servis dans la petite enfance, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les établissements pénitentiaires ; renforcer la restauration collective ; lutter contre le gaspillage alimentaire ; et encadrer l’exposition des mineurs au marketing des produits trop gras, sucrés ou salés. Le texte indiquait explicitement qu’il n’y avait pas de budget dédié et que la mise en œuvre reposerait sur des dispositifs existants.
Désaccords ministériels
Des tensions sont apparues entre ministères, notamment autour de la formulation relative à la consommation de viande. Le mot « limitation » a remplacé « réduction » par rapport à des versions antérieures, et Matignon avait déjà demandé une formulation plus atténuée évoquant « une consommation de viande équilibrée ». Le ministère de la Transition écologique rappelle que des objectifs chiffrés sur la consommation de viande sont abordés dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), mais ces objectifs ne figuraient pas dans la version de la Snanc consultée.
Publicité et marketing alimentaire
La Snanc proposait de diminuer l’exposition des enfants et des adolescents aux publicités pour produits trop gras, sucrés ou salés, en privilégiant d’abord des dispositifs volontaires. Le document indiquait qu’en cas d’insuffisance de ces dispositifs, des mesures réglementaires pourraient être envisagées. Certaines associations réclamaient toutefois une interdiction totale.
Aliments ultratransformés
La recommandation initiale du Programme national nutrition santé (PNNS) de « limiter les produits ultratransformés » a été reformulée dans la Snanc en « privilégier les produits peu ou pas transformés », à la demande du ministère de l’Agriculture. Le texte proposait de poursuivre les travaux pour parvenir à une définition opérationnelle des aliments ultratransformés.
Données et enjeux
La Snanc rappelait que le système alimentaire représenterait près d’un quart de l’empreinte carbone des Français, et attribuait 61 % de cette empreinte aux produits d’origine animale, chiffres utilisés pour justifier l’articulation entre enjeux sanitaires et climatiques.
Réactions et suite attendue
Plusieurs associations et personnalités ont réagi à la suspension, dénonçant un blocage ministériel et demandant la publication immédiate du texte. Des voix ont critiqué l’absence de mesures contraignantes, notamment sur la protection des mineurs face au marketing alimentaire. Matignon a indiqué que la validation formelle du Premier ministre était requise avant toute nouvelle diffusion, et la Stratégie nationale bas carbone a été mentionnée comme cadre possible pour des objectifs chiffrés complémentaires.
Conclusion
La suspension de la Snanc met en lumière les tensions entre objectifs sanitaires, enjeux climatiques et intérêts sectoriels. La décision de Matignon repousse la publication et laisse ouverte la question des modalités de mise en œuvre, du financement et des ambitions chiffrées sur la consommation de produits d’origine animale.








