Contexte
En octobre 2025, l'exécutif fédéral a ordonné l'envoi de centaines de membres de la Garde nationale à Chicago et dans sa région pour appuyer les services fédéraux chargés de l'immigration (ICE). Le décret présidentiel visait à « protéger les agents et biens fédéraux » à la suite de manifestations devant des installations de l'ICE.
Déploiement
Les forces déployées comprenaient, selon des annonces militaires, environ 200 gardes nationaux en provenance du Texas et 300 membres du corps de réserve de l'Illinois. Ces unités ont commencé des opérations autour de bâtiments fédéraux et ont été présentes lors de manifestations locales.
Saisine judiciaire et suspension
Le gouverneur de l'Illinois, JB Pritzker, et la mairie de Chicago ont saisi la justice fédérale pour contester le déploiement. Le 9 octobre 2025, une juge fédérale, April Perry, a ordonné la suspension provisoire pour deux semaines du déploiement de la Garde nationale à Chicago et dans sa région. Lors de l'audience, la magistrate a indiqué qu'elle n'avait « trouvé aucune preuve crédible qu'il existait un danger de rébellion dans l'État d'Illinois ». Elle a qualifié certaines allégations du ministère de la Sécurité intérieure de « non fiables » et a estimé que les gardes nationaux étaient insuffisamment formés pour des missions de maintien de l'ordre en milieu urbain, ce qui risquait d'aggraver les tensions.
Limitation de l'usage de la force par des agents fédéraux
Le même jour, une autre juge fédérale a limité pour deux semaines les conditions d'usage de la force par des agents relevant du département de la Sécurité intérieure (DHS) dans la région de Chicago. L'ordonnance mentionne expressément la protection des membres de la presse, des manifestants et des fidèles religieux qui ne représentent pas une menace immédiate pour la sécurité des agents ou d'autrui, restreignant notamment le recours à du matériel anti-émeute.
Incidents signalés
Les décisions judiciaires font référence à des incidents antérieurs. Une vidéo circulant dans les médias montre des agents fédéraux postés sur le toit d'un centre de l'ICE en banlieue de Chicago tirant un projectile vers un pasteur se trouvant parmi un petit groupe de manifestants au pied du bâtiment. Le DHS a justifié son intervention en indiquant que des manifestants tentaient d'empêcher un véhicule de l'ICE de quitter les lieux.
Réactions et enjeux institutionnels
Le gouverneur JB Pritzker et la municipalité de Chicago ont qualifié l'envoi des gardes nationaux de tentative de « créer une occupation militaire » de l'État par l'autorité fédérale et ont soutenu que la présence militaire risquait d'attiser les tensions. Le gouverneur a déclaré sur la plateforme X que « Donald Trump n'est pas un roi et son administration n'est pas au-dessus de la loi » et a ajouté que la Garde nationale n'avait pas sa place dans les rues de Chicago.
De son côté, l'administration fédérale a fait valoir devant la justice que certains locaux de l'ICE avaient été la cible de violences et de menaces, justifiant ainsi l'appel à des renforts fédéraux et au ministère de la Défense.
Déploiements similaires ailleurs
Des déploiements comparables avaient été annoncés ou effectués dans d'autres grandes villes, notamment Los Angeles, Washington, Memphis et Portland, souvent en opposition aux autorités locales. Dans le cas de Portland, un blocage judiciaire provisoire avait été imposé puis soumis à l'examen d'une cour d'appel fédérale.
Situation au terme des ordonnances
Les ordonnances prononcées par les tribunaux constituent des mesures provisoires d'une durée de deux semaines et font l'objet de procédures judiciaires en cours. Elles restreignent momentanément le déploiement effectif de la Garde nationale à Chicago et encadrent l'usage de la force par les agents fédéraux dans la région.