Le travail domestique d'enfants est une pratique illégale et néanmoins répandue au Pakistan. En dépit des interdictions légales, des enquêtes et des témoignages indiquent que des enfants, principalement des fillettes âgées de 10 à 14 ans, sont employés pour des tâches ménagères et soumis à des durées de travail prolongées et parfois à des violences.
Contexte et prévalence
Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), en 2022, environ un foyer pakistanais sur quatre employait un enfant comme aide domestique. Le Pakistan compte près de 255 millions d'habitants, et une part importante de la population est mineure. Ces emplois servent souvent de complément de revenus pour des familles dont les ressources sont inférieures au salaire moyen national.
Tâches et conditions de travail
Les enfants concernés sont affectés à des travaux domestiques tels que la préparation des repas, le nettoyage, le balayage et le repassage. Les témoignages décrivent des journées longues, des départs tôt le matin et des retours tardifs, ainsi qu'une séparation durable du foyer d'origine dans certains cas.
Des exemples rapportés incluent Amina, qui a commencé à travailler à 10 ans et effectue des tâches ménagères quotidiennes de longue durée ; Sania, qui percevrait l'équivalent de 13 euros par mois pour l'entretien d'un logement ; et Humza, un garçon de 10 ans envoyé depuis son village à 450 km de Karachi, dont la famille reçoit environ 30 euros par mois.
Violences signalées et suites judiciaires
Plusieurs affaires de violences envers des aides ménagères mineures ont été documentées. En février, une mineure identifiée comme Iqra, 13 ans, est décédée à Rawalpindi après avoir été frappée par ses employeurs. Le père a déclaré avoir renoncé aux poursuites en raison de contraintes financières et d'un endettement important.
En septembre, une mineure nommée Zainab, 13 ans, a été gravement brûlée au fer à repasser à Karachi ; les personnes mises en examen ont été libérées sous caution en attendant leur procès, la caution ayant été signalée à environ 90 euros par personne.
Réponses institutionnelles et limites des sanctions
Les autorités provinciales et les organisations de défense des droits de l'enfant dénoncent la faiblesse des sanctions appliquées aux employeurs. Des contrôles existent et des services sociaux peuvent prendre en charge des enfants employés illégalement, mais des amendes symboliques et des procédures limitées ne suffisent pas à prévenir la reprise du travail par les enfants.
Des montants d'amende inférieurs à 1 000 roupies (environ 3 euros) ont été évoqués, et le retrait temporaire d'enfants est parfois suivi d'un retour rapide au domicile ou à l'employeur pour des raisons économiques.
Conséquences socio-économiques et éducatives
Le recours au travail domestique infantile est lié à des difficultés économiques familiales : endettement, faible niveau de revenus et incapacité à financer les frais liés à la scolarisation ou à des procédures judiciaires. Ces facteurs conduisent au renoncement aux poursuites et à la vulnérabilité continue des enfants.
L'emploi domestique nuit à la scolarisation : de nombreux mineurs interrompent ou abandonnent leur scolarité, au détriment de leurs perspectives à long terme et en contradiction avec l'obligation scolaire nationale.
Points en suspens
Les registres publics et les décisions judiciaires détaillées ne sont pas toujours accessibles ; l'application effective des lois, la protection pérenne des mineurs et le soutien socio-économique aux familles restent des enjeux soulignés par les acteurs institutionnels et associatifs.