Introduction
Entre le 10 et le 15 septembre 2025, des incursions de drones ont été signalées dans l’espace aérien de la Pologne puis de la Roumanie. Ces incidents ont entraîné des interceptions aériennes, des alertes civiles, des consultations au sein de l’OTAN, des démarches diplomatiques — dont des convocations d’ambassadeurs — et un renforcement des dispositifs de défense sur le flanc oriental de l’Alliance. Des divergences d’appréciation sur l’ampleur et la nature des événements ont émergé, tandis que des mesures pratiques de surveillance et de coordination interalliées ont été mises en place.
Chronologie détaillée des événements
- 10 septembre 2025
Les autorités polonaises ont annoncé l’interception et la destruction de plusieurs drones ayant pénétré l’espace aérien polonais en provenance ou en direction de l’ouest de l’Ukraine. Plus d’une dizaine d’objets volants non pilotés ont été détectés; des actions défensives se sont déroulées jusqu’au matin. Des alertes civiles ont été déclenchées dans les régions de Podlaskie, Mazovie et Lublin. La Pologne a informé l’OTAN et mobilisé ses moyens, complétés par des appareils alliés, dont des F‑35 néerlandais. La présidente de la Commission européenne a dénoncé une violation de l’espace aérien européen. La FAA américaine a signalé des fermetures temporaires d’aéroports, dont Varsovie‑Chopin, information dont certaines confirmations locales ont été différées.
- 12 septembre 2025
La France a convoqué l’ambassadeur de Russie à Paris à la suite des incidents et annoncé le déploiement de trois Rafale pour contribuer à la protection de l’espace aérien régional. Plusieurs capitales européennes — Suède, Pays‑Bas, République tchèque, Roumanie, Belgique, Espagne — ont mené des démarches diplomatiques auprès des représentations russes. L’OTAN a renforcé sa posture sur le flanc oriental et lancé une opération visant à améliorer la défense contre les drones, avec des contributions du Danemark, de la France, du Royaume‑Uni et de l’Allemagne. Des avions polonais et néerlandais ont participé aux interceptions et ont abattu certains drones. La Pologne a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU. Des déclarations publiques aux États‑Unis ont évoqué la possibilité d’une erreur; cette hypothèse a été rejetée par Varsovie, qui a qualifié l’incident d’acte délibéré.
- 13 septembre 2025
Un drone a pénétré l’espace aérien roumain au‑dessus du delta du Danube. Deux F‑16 roumains l’ont suivi pendant environ cinquante minutes, de la zone de Chilia Veche vers Pardina, avec l’appui de deux Eurofighter Typhoon allemands. L’autorisation de tir a été accordée mais non mise en œuvre en raison du risque de dommages collatéraux, les pilotes estimant que l’appuiaire présentait un risque pour des zones potentiellement habitées. Le drone n’a pas survolé de zones densément peuplées et n’a pas été considéré comme une menace immédiate pour la population civile.
- 14 septembre 2025
Les autorités roumaines ont rendu public l’incident survenu la veille et qualifié la situation de « nouveau défi » pour la sécurité régionale. Des responsables de l’Union européenne ont exprimé leur solidarité. Des patrouilles et dispositifs de surveillance ont été renforcés le long du flanc oriental de l’OTAN, avec des restrictions temporaires dans certains espaces aériens frontaliers.
- 15 septembre 2025
Bucarest a convoqué l’ambassadeur de Russie après avoir identifié l’appareil comme un drone de type « Geran » d’origine russe. La représentation russe a rejeté l’accusation et évoqué une « provocation » ukrainienne. Des responsables européens et de l’OTAN ont jugé la violation inacceptable et ont souligné les risques pour la sécurité régionale. La Roumanie a rappelé le cadre légal adopté plus tôt dans l’année, autorisant, sous conditions, l’abattage de drones en temps de paix, et a maintenu une coordination étroite avec ses alliés.
Évolutions et corrections repérées
Les bilans initiaux se sont ajustés au fil des jours: le 10 septembre, la Pologne a d’abord évoqué « plus d’une dizaine » d’objets avant que des bilans consolidés (12 septembre) ne fassent état d’un ordre de grandeur proche d’une vingtaine. Un message initial des autorités ukrainiennes faisant état d’une pénétration en Pologne a été publié puis supprimé le jour même, indiquant un ajustement de communication. En Roumanie, la séquence administrée s’est développée sur trois jours: survol le 13, annonce publique le 14, puis convocation diplomatique et attribution à un modèle « Geran » le 15.
Concordances constatées
Coordination interalliée: notification à l’OTAN, engagement d’appareils alliés (F‑35 néerlandais en Pologne; Eurofighter Typhoon allemands en appui en Roumanie) et renforcement des patrouilles.
Procédures de défense aérienne: détection radar, interceptions et neutralisation de certains drones en Pologne; suivi sans tir en Roumanie en raison de risques collatéraux.
Réprobation politique: responsables de l’Union européenne et de l’OTAN dénonçant des violations de souveraineté.
Démarches diplomatiques: convocations et consultations à l’égard de représentations russes; saisine du Conseil de sécurité de l’ONU par la Pologne.
Divergences et incertitudes
Ampleur de l’incursion en Pologne: estimations variables entre « plus d’une dizaine » et « une vingtaine » d’objets.
Interprétation des faits: hypothèse d’une erreur avancée par certains interlocuteurs, contestée par Varsovie qui parle d’un acte délibéré.
Attribution en Roumanie: identification déclarée d’un modèle « Geran » d’origine russe, contestée par Moscou qui évoque une provocation ukrainienne.
Informations opérationnelles: signalements de fermetures d’aéroports par la FAA non immédiatement confirmés localement.
Implications potentielles
Ces incidents peuvent conduire à un durcissement durable de la posture de défense aérienne de l’OTAN sur le flanc oriental, à une montée en puissance des moyens de détection et d’interception anti‑drones, et à la mise en place de mécanismes de déconfliction pour réduire le risque de méprise. Ils peuvent également affecter la circulation aérienne civile dans les zones concernées, selon l’évolution du niveau de menace, et alimenter des démarches multilatérales (OTAN, UE, ONU) visant à clarifier responsabilités et réponses politiques.
Conclusion
Les incursions de drones en Pologne puis en Roumanie entre le 10 et le 15 septembre 2025 ont entraîné une réponse coordonnée mêlant défense aérienne, diplomatie et renforcement des dispositifs de l’OTAN. Les faits établis concernent des pénétrations d’aéronefs sans pilote, des interceptions en Pologne, un suivi sans tir en Roumanie et des démarches diplomatiques à haut niveau. Des incertitudes persistent quant à l’attribution et à la nature exacte des incidents, tandis que les autorités européennes et alliées poursuivent une posture défensive, la recherche de clarifications et l’adaptation des moyens de protection collective.