Contexte
L'affaire porte sur une série d'incidents survenus à la clinique Saint‑Vincent de Besançon et sur des transferts de patients vers le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon pour réanimation. Les investigations judiciaires ont évoqué jusqu'à 30 cas d'empoisonnement, dont 12 décès, couvrant une période s'étendant jusqu'en 2017.
Déclenchement de l'enquête
L'enquête a été ouverte après l'arrêt cardiaque de Sandra Simard, âgée de 36 ans, survenu le 11 janvier 2017. La patiente a été transférée vers le CHU de Besançon pour poursuivre la réanimation. L'anesthésiste ayant assuré la prise en charge initiale à la clinique, Anne‑Sophie Balon, a remis aux équipes du CHU l'électrocardiogramme réalisé lors de l'incident.
Signalement et premières analyses
Le chef du service de réanimation du CHU, Sébastien Pili‑Floury, a interprété le tracé comme compatible avec une hyperkaliémie (excès de potassium). Sur ses recommandations, le matériel médical et les poches de perfusion utilisées lors de l'intervention ont été saisis et analysés. Les analyses ont montré des concentrations de potassium anormalement élevées dans certaines poches de perfusion.
Un pharmacien inspecteur de l'Agence régionale de santé (ARS) a témoigné sur l'ampleur des concentrations détectées et sur la prise en charge de la patiente après l'événement.
Mise en relation avec d'autres incidents
À la suite de ces résultats, la direction de la clinique et l'ARS ont informé le parquet de Besançon. Le docteur Sébastien Pili‑Floury a signalé aux enquêteurs l'existence de cas similaires de patients venus de la clinique Saint‑Vincent et pris en charge en réanimation au CHU. Des arrêts cardiaques suspects antérieurs ont été réexaminés dans le cadre de l'instruction.
Mesures prises au sein de la clinique
Par précaution, l'ARS et la direction de la clinique ont procédé au remplacement des poches de perfusion de l'établissement durant une période où le médecin mis en cause était absent. Les déclarations recueillies en audience indiquent qu'aucun nouvel incident suspect n'a été observé au sein de la clinique après ces remplacements.
Interpellation, mise en examen et procédure
Frédéric Péchier, anesthésiste ayant exercé à la clinique Saint‑Vincent, a été interpellé en mars 2017 et mis en examen dans le cadre d'accusations d'empoisonnement par contamination de poches de perfusion, accusations incluant plusieurs décès. Le dossier a été instruit et jugé devant la cour d'assises du Doubs.
Défense et débats
La défense de Frédéric Péchier a contesté la plausibilité technique d'une administration volontaire d'une dose de potassium suffisante pour provoquer ces décès, a mis en doute l'existence d'un mobile clair et a contesté l'idée d'une responsabilité exclusive de son client. Les débats ont opposé experts médico‑légaux, pharmaco‑toxicologues et témoins hospitaliers sur l'interprétation des résultats analytiques et des tracés électrocardiographiques.
Observations finales
Les éléments présentés au procès reposent sur des analyses, des témoignages et des constats techniques. Les allégations d'empoisonnement et les responsabilités alléguées ont été examinées au cours de la procédure pénale contradictoire. La situation a donné lieu à une instruction, à des mises en examen et à un jugement devant la cour d'assises, dont le suivi a mobilisé des acteurs judiciaires et sanitaires.