Origine du conflit
La Thaïlande et le Cambodge entretiennent depuis des décennies un différend territorial persistant concernant le tracé de leur frontière commune, principalement hérité de l'époque de l'Indochine française. Les tensions latentes ont atteint un niveau critique à la suite de la mort d’un soldat cambodgien à la fin du mois de mai lors d’un échange de tirs dans une zone contestée. Cet incident a conduit à une série de mesures de part et d'autre, parmi lesquelles l’expulsion et le rappel d’ambassadeurs, ainsi qu’une dégradation des relations diplomatiques et un ralentissement des flux économiques et humains entre les deux pays.
Déroulement des affrontements
Le 24 juillet, des affrontements armés ont éclaté à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Durant cinq jours, des échanges de tirs nourris, impliquant de l’artillerie et des frappes aériennes, ont entraîné la mort d'au moins 36 personnes. Les pertes humaines se répartissent entre 23 morts, dont neuf soldats, côté thaïlandais, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Environ 280 000 habitants ont été déplacés des zones frontalières à la suite de ces violences, répartis entre plus de 138 000 Thaïlandais et plus de 140 000 Cambodgiens, selon les autorités respectives de Bangkok et Phnom Penh. Des journalistes ont signalé que les affrontements se poursuivaient sur plusieurs points de la frontière, y compris à proximité de temples contestés situés dans le nord-ouest cambodgien.
Tout au long de la crise, les deux capitales se sont accusées mutuellement d’avoir initié les hostilités ou de ne pas agir de bonne foi dans la recherche de la paix. Les tensions ont persisté malgré les appels de la communauté internationale, dont la France, l’Union européenne, la Chine et les États-Unis, à une désescalade rapide du conflit.
Médiation internationale et négociations
Face à la détérioration de la situation, les dirigeants thaïlandais et cambodgien ont accepté de se rencontrer sous l’égide de la Malaisie, à Putrajaya, la capitale administrative malaisienne, le lundi 28 juillet. La Malaisie agit en tant que médiatrice en sa qualité de présidente tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN). La réunion s’est tenue en présence de représentants américains et sous la participation conjointe des États-Unis et de la Chine. Le président américain a notamment exercé des pressions pour qu’un accord soit trouvé rapidement, mettant en avant la menace d’un gel des discussions commerciales qui doivent impacter les deux économies nationales.
Accord de cessez-le-feu
A l’issue de trois heures de discussions, un accord pour un cessez-le-feu "immédiat et inconditionnel" a été trouvé entre la Thaïlande et le Cambodge, prenant effet à minuit. Les Premiers ministres cambodgien et thaïlandais se sont engagés à respecter l’accord conclu devant le Premier ministre malaisien, qui a qualifié cet arrangement de première étape vers un rétablissement durable de la paix et de la sécurité dans la région. Les deux parties ont toutefois souligné qu’un retour à la normale nécessiterait la poursuite de discussions bilatérales afin de restaurer progressivement les relations diplomatiques et économiques.
Situation après l’accord
Au moment de l’accord, des bruits de tirs ont encore été constatés près de la frontière, soulignant la fragilité du cessez-le-feu et la nécessité d’une confiance renouvelée entre les deux gouvernements. Les deux armées sont maintenues en état d’alerte, mais un repli progressif des populations déplacées est envisagé si la trêve se confirme. L’épisode a mis en lumière la récurrence des tensions frontalières dans la région et la nécessité d’un engagement multilatéral pour prévenir de nouveaux affrontements.