Contexte et recommandation générale
En cas de fièvre ou de douleur associée à une infection hivernale (angine, rhinopharyngite, sinusite, otite, bronchite, syndrome grippal ou varicelle), les autorités sanitaires recommandent de privilégier le paracétamol en première intention. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié un communiqué daté du 17 décembre 2025 rappelant que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l'ibuprofène ou le kétoprofène ne doivent pas être utilisés en première intention dans ce contexte et qu'ils ne doivent être envisagés qu'après avis médical.
Données de pharmacovigilance et complications rapportées
Entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2023, des cas graves ont été déclarés en France en lien avec la prise d'AINS pendant un épisode infectieux : 162 cas graves associés à l'ibuprofène et 54 cas graves associés au kétoprofène. Parmi les complications signalées figurent des sepsis, des chocs septiques, des méningites et des infections cutanées sévères. Douze décès ont été recensés dans ces notifications. Les cas concernaient des personnes de tous âges, y compris des enfants et de jeunes adultes sans antécédents pathologiques identifiés.
Nature du risque et mécanismes cliniques observés
Les AINS réduisent la fièvre et atténuent les signes inflammatoires. Cette action peut masquer des signes d'aggravation d'une infection bactérienne sous-jacente et retarder la reconnaissance d'une complication nécessitant un traitement spécifique. L'ANSM indique également un risque d'aggravation de certaines infections bactériennes lors de la prise d'AINS, y compris dans des cas où des antibiotiques avaient été prescrits.
Indications thérapeutiques et modalités d'utilisation
- Paracétamol : médicament de première intention pour soulager fièvre et douleur en cas d'infection courante. Utiliser la dose efficace la plus faible et la durée la plus courte nécessaires.
- AINS (ibuprofène, kétoprofène, etc.) : envisagés seulement en deuxième intention et après avis médical. Éviter leur utilisation systématique en cas de varicelle, de syndrome grippal ou d'infection ORL non documentée.
Signes d'alerte et conduites à tenir
Consulter un médecin si la fièvre ou la douleur s'aggravent ou persistent : chez l'adulte, après trois jours en cas de fièvre et après cinq jours en cas de douleur; chez l'enfant, des délais plus courts peuvent s'appliquer selon la situation clinique. Signes d'alerte nécessitant une réévaluation : fièvre persistante, apparition d'une éruption cutanée, essoufflement, confusion ou tout autre signe de gravité.
Personnes sous AINS chroniques : en cas de suspicion d'infection ou de fièvre, contacter le prescripteur pour évaluer la conduite à tenir.
Consignes pour les professionnels de santé
- Prescrire le paracétamol en première intention pour la fièvre et la douleur dans un contexte infectieux, à la dose la plus faible utile et pour la durée la plus courte.
- Éviter la prescription d'AINS en cas de varicelle, de grippe ou d'infection ORL non documentée pour limiter le risque d'aggravation d'une infection bactérienne sous-jacente.
- Informer les patients des signes d'alerte et de la nécessité de revenir en consultation si ces signes se manifestent. Pour les pharmaciens, déconseiller l'automédication par AINS en cas de syndrome grippal, de varicelle ou d'infection ORL.
Conclusion
Pour traiter fièvre et douleur liées à une infection hivernale courante, le paracétamol reste le médicament de première ligne. Les AINS doivent être utilisés avec prudence et seulement après avis médical en cas de nécessité.








