Contexte et méthode
Des chercheuses ont utilisé les données des enquêtes nationales périnatales (ENP) de 2021 pour interroger des femmes ayant accouché sur leur expérience en maternité. La question posée aux participantes était formulée ainsi : « Est-ce que vous avez vécu, des paroles, des gestes ou des comportements de soignants qui vous ont blessée, choquée ou qui ont mise mal à l’aise ? ». Les ENP interrogent, pendant une semaine, entre 14 000 et 15 000 nouvelles mères sélectionnées au hasard par des sages-femmes enquêtrices. Les résultats de cette analyse ont été publiés dans le journal scientifique BJOG et diffusés par l’Inserm le 17 décembre.
Définitions et types d’expériences rapportées
Les auteurs regroupent sous l’expression « soins irrespectueux » des actes, paroles ou comportements perçus par les patientes comme maltraitants, inappropriés ou non consentis. Ces expériences comprennent, sans s’y limiter, une communication jugée déficiente (par exemple ton condescendant, absence d’explications), des interventions médicales réalisées sans consentement explicite ou la non-prise en compte des souhaits exprimés par la patiente.
Résultats principaux
Parmi les répondantes de l’enquête analysée, 24,9 % ont déclaré avoir vécu au moins une situation qu’elles décrivent comme des soins irrespectueux lors de leur séjour en maternité. Parmi les femmes ayant rapporté de tels soins, 21,8 % présentaient des symptômes compatibles avec une dépression post-partum, contre 16,6 % pour l’ensemble des participantes.
Selon la première auteure de l’étude, Marianne Jacques (post-doctorante à l’Inserm), ces expériences seraient associées à une augmentation d’environ 37 % du risque de présenter des symptômes dépressifs après la naissance.
Interprétation et recommandations rapportées
Les résultats montrent une association entre la déclaration de soins perçus comme irrespectueux et la prévalence de symptômes dépressifs en post-partum. L’étude ne permet pas, à elle seule, d’établir une relation causale définitive. Les chercheuses et structures impliquées dans le travail recommandent cependant d’intégrer le respect et la prise en compte des préférences des patientes comme éléments à considérer dans l’organisation et la formation des équipes soignantes. Elles proposent notamment des actions de sensibilisation et la mise à disposition de ressources professionnelles destinées à améliorer la qualité relationnelle des soins.
Perspectives et suite des enquêtes
Les autrices indiquent que la prochaine enquête nationale périnatale prévue pour 2027 permettra d’examiner si ces résultats sont confirmés en dehors du contexte épidémique de 2021, période marquée par la crise liée à la Covid-19. Elles prévoient également d’approfondir l’analyse d’autres dimensions de la santé mentale maternelle, telles que le stress et l’anxiété.
Partenariats et contributions
L’étude résulte d’une collaboration entre des équipes de l’Inserm, de l’AP-HP, de l’Université Paris Cité, de l’INRAE et de l’Université Sorbonne Paris-Nord, en partenariat avec Santé publique France et le Collectif interassociatif autour de la naissance.








