Anniversaire du retour au pouvoir des talibans
Les talibans ont célébré le quatrième anniversaire de leur retour au pouvoir en Afghanistan, à l’occasion du « jour de la Victoire » commémorant la prise de Kaboul le 15 août 2021. Les manifestations ont eu lieu principalement à Kaboul et dans d’autres villes, avec des rassemblements publics et des allocutions de responsables.
Célébrations et cérémonies
Dans la capitale, des militants ont déployé des drapeaux de l'« Émirat islamique d'Afghanistan ». Des hélicoptères ont survolé le centre-ville et largué des fleurs au-dessus des rues. Des combattants ont défilé et exposé des objets symboliques liés aux décennies de conflit. Les autorités ont annulé le défilé militaire qui avait été organisé les années précédentes sur la base de Bagram. Des responsables talibans se sont succédé à la tribune d’une grande salle de l’université polytechnique de Kaboul pour présenter leurs réalisations. Le chef suprême des talibans, qui réside dans le sud du pays, n’a pas assisté aux cérémonies mais a adressé un message lu par un porte-parole.
Contexte du retour au pouvoir
La date commémorée marque la reprise de Kaboul par les talibans le 15 août 2021, événement qui a entraîné le retrait des forces internationales présentes en Afghanistan. L’anniversaire est présenté par les autorités talibanes comme une confirmation de leur contrôle du territoire et de leur capacité à assurer la sécurité, selon des déclarations officielles.
Mesures internes et situation des droits
Le gouvernement taliban applique des restrictions ciblant notamment les femmes et les filles. Selon des déclarations publiques et des sources internationales, les mesures comprennent l’interdiction de certaines inscriptions scolaires à partir d’un âge déterminé, l’exclusion des femmes de l’accès aux universités et à certains lieux publics et services (salles de sport, instituts de beauté, parcs), ainsi que des limitations d’accès à certains emplois.
Des organisations afghanes et des acteurs internationaux ont critiqué ces politiques et accusé le mouvement de violer des droits fondamentaux. L’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan (Rawa) a affirmé que ces mesures portent atteinte aux droits de la population.
Aspects judiciaires et allégations internationales
Des juridictions internationales ont pris des mesures à l’encontre de dirigeants talibans. Début juillet, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt visant l’émir Hibatullah Akhundzada et un autre responsable, pour des faits qualifiés par la CPI de persécution des femmes, susceptibles d’être qualifiés de crime contre l’humanité.
Situation humanitaire et conditions économiques
Plusieurs organisations internationales ont signalé une détérioration des conditions humanitaires en Afghanistan. Selon des rapports de l’ONU, le pays fait face à une crise humanitaire importante. La Banque mondiale a estimé que près de la moitié de la population vivait en situation de pauvreté et que le chômage affectait une part significative des jeunes.
Relations internationales et reconnaissance
Sur le plan diplomatique, les autorités talibanes demeurent largement exclues de la reconnaissance formelle par la majorité des États. La Russie a annoncé une reconnaissance ou un rapprochement diplomatique récent, et les autorités afghanes entretiennent des contacts ou des relations pratiques avec plusieurs États de la région (États d’Asie centrale), ainsi qu’avec la Chine et les Émirats arabes unis. Des responsables occidentaux (notamment des représentants norvégiens, britanniques et américains) ont indiqué avoir conduit des échanges à Kaboul.
Plusieurs pays poursuivent des rapprochements ponctuels motivés par des préoccupations sécuritaires, humanitaires ou migratoires, tout en exprimant des désaccords sur les politiques intérieures du gouvernement afghan.
Réactions de la communauté internationale
Des rapporteurs spéciaux des Nations unies ont appelé à ne pas normaliser les relations avec les autorités talibanes et ont demandé de continuer à défendre le respect des droits et des normes internationales. Des organisations internationales et des ONG ont également exprimé des préoccupations sur les droits des femmes et la situation humanitaire.
Perspectives et enjeux
Les célébrations annuelles illustrent la volonté des autorités talibans de consolider leur pouvoir et d’obtenir une acceptation internationale. Les principaux enjeux identifiés par des observateurs et des acteurs internationaux incluent la situation des droits humains, la gestion de la crise humanitaire, la stabilité sécuritaire et les modalités des relations diplomatiques entre Kaboul et d’autres États.