Contexte général
Au 1er août, l'administration américaine a mis en œuvre une hausse généralisée des droits de douane sur une grande partie des importations entrant aux États-Unis, après plusieurs reports et périodes de négociation. Cette mesure s'inscrit dans la stratégie commerciale et politique du gouvernement actuel, qui cherche à obtenir des concessions de la part de ses partenaires commerciaux.
Étendue des mesures
Environ 80 pays sont concernés par cette série de surtaxes, dont les membres de l'Union européenne, le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, le Vietnam, l'Indonésie et les Philippines. Les droits de douane appliqués varient généralement de 11 % à 50 % selon les produits et leur origine. Certaines taxes sont sectorielles, le cuivre traité devant par exemple être taxé à hauteur de 50 %.
Accords négociés
Plusieurs partenaires commerciaux importants des États-Unis ont mené des négociations afin de limiter le niveau des droits de douane appliqués à leurs exportations. Sept accords ou cadres de négociation majeurs ont été annoncés :
- L'Union européenne et les États-Unis ont conclu un accord-cadre imposant un taux de 15 % sur la plupart des produits européens, un taux inférieur à ceux initialement envisagés, avec certaines exemptions pour les équipements aéronautiques et des catégories spécifiques de produits agricoles.
- Le Royaume-Uni a accepté une réduction des droits sur ses exportations manufacturières, en échange d'une ouverture accrue de son marché à certains produits américains.
- Le Japon et la Corée du Sud bénéficient également d'un taux de 15 % sur de nombreux produits exportés vers les États-Unis, notamment les automobiles.
- Le Vietnam et l'Indonésie ont négocié des taux réduits à 20 % et 19 % respectivement, avec des dispositions spécifiques pour les produits considérés comme faisant du transbordement.
- Les Philippines sont soumises à des taux proches de ceux négociés par l'Indonésie et le Vietnam.
- Taïwan a annoncé un certain consensus avec les États-Unis, sans publication des détails concernant les secteurs les plus stratégiques comme les semi-conducteurs.
Cas des pays soumis à de fortes surtaxes
Certains pays n'ont pu obtenir d'accord ou font l'objet de mesures particulièrement strictes :
- Le Brésil se voit appliquer une surtaxe de 50 % en réponse à la situation politique intérieure de ce pays, notamment en lien avec des poursuites concernant des événements politiques. Cette mesure prendra effet à compter du 6 août, selon un décret signé à cet effet.
- L'Inde fait face à un taux de 25 % sur ses exportations vers les États-Unis, avec une pénalité supplémentaire liée aux achats de pétrole et de matériel militaire russes.
- Le Canada, qui n'a pas encore trouvé d'accord avec les États-Unis, pourrait voir les droits porter sur ses produits atteindre 35 %. Les discussions sont en suspens dans un climat diplomatique marqué par une taxe canadienne sur les services numériques et des désaccords politiques récents.
- La Suisse reste en attente d'une décision américaine, malgré une déclaration d'intention commune signée le 4 juillet. Les négociations avec la Suisse portent sur un taux potentiel de 31 %.
- Pour le Mexique, les droits en vigueur sont prolongés pour 90 jours, concernant les produits hors du cadre de l'accord de libre-échange nord-américain, à un taux de 25 %.
Autres mesures et exemptions
L'administration américaine a également annoncé la suppression de l'exemption de taxes sur les petits colis à compter du 29 août. Les biens d'une valeur inférieure à 800 dollars envoyés par colis postal seront désormais soumis à taxation selon leur type et origine.
Conséquences économiques
Les économistes considèrent que la mise en place de ces droits de douane pourrait avoir des conséquences sur l’inflation, avec des prévisions la situant autour de 3 %, ainsi que sur la croissance, attendue à moins de 1 % pour la seconde moitié de l’année. La Réserve fédérale américaine a réagi en maintenant ses taux inchangés, signalant sa prudence face à l’évolution du contexte économique résultant de ces nouvelles mesures commerciales.