Contexte judiciaire de Jair Bolsonaro
Le 4 août, la Cour suprême du Brésil, par l'intermédiaire du juge Alexandre de Moraes, a ordonné l'assignation à résidence de l'ancien président Jair Bolsonaro à Brasilia. Cette décision intervient dans le cadre de son procès pour tentative présumée de coup d'État à la suite de sa défaite électorale contre Luiz Inácio Lula da Silva en 2022. Bolsonaro est accusé d’avoir cherché à se maintenir au pouvoir malgré sa défaite, en violation des lois électorales et constitutionnelles. Il risque une peine pouvant dépasser 40 ans de prison, et il est déjà déclaré inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation sur le système de vote électronique.
Violations des mesures de précaution
Avant cette assignation à résidence, plusieurs mesures de précaution avaient été imposées à Jair Bolsonaro. Depuis la mi-juillet, il était soumis au port d’un bracelet électronique, à un couvre-feu l’obligeant à rester à son domicile les soirs et week-ends, et à l’interdiction de s’exprimer sur les réseaux sociaux, directement ou par tiers. Malgré ces restrictions, le juge Moraes a estimé que Bolsonaro avait contourné l’interdiction en faisant diffuser une intervention téléphonique lors de manifestations organisées en son soutien, intervention relayée notamment par ses enfants et d'autres personnalités de son camp politique sur des plateformes numériques.
Suite à la violation de ces interdictions, la justice a étendu les restrictions, interdisant à Bolsonaro toute utilisation de téléphone portable, même indirectement. Une perquisition a mené à la saisie de plusieurs téléphones à son domicile. Toute visite à son domicile est désormais proscrite à l’exception de ses avocats ou avec autorisation spéciale du tribunal.
Le juge Moraes a précisé que tout nouvel écart pourrait entraîner une détention préventive immédiate.
Réactions nationales et internationales
La décision de la Cour suprême s'inscrit dans un contexte de tensions politiques internes et de débats sur la séparation des pouvoirs. Plusieurs milliers de partisans de Bolsonaro ont manifesté à travers le pays pour exprimer leur soutien à l'ancien président. Les mesures contre Bolsonaro ont également suscité des réactions internationales, notamment des États-Unis. L’administration du président américain Donald Trump a réagi en qualifiant les sanctions brésiliennes contre Bolsonaro de "chasse aux sorcières", imposant en retour des sanctions contre le juge Alexandre de Moraes et une surtaxe douanière de 50 % sur certaines exportations brésiliennes vers les États-Unis. Cette situation a contribué à une détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays.
Situation actuelle et suites judiciaires
Jair Bolsonaro doit rester à Brasilia pour la durée de son assignation à résidence, dans l’attente du verdict de son procès qui devrait être rendu dans les semaines à venir. Il demeure également sous le coup d’accusations pour tentative d’entrave à la justice. Sept de ses collaborateurs font aussi l’objet de poursuites dans cette affaire. Le juge Moraes a souligné que la justice brésilienne doit s’appliquer sans distinction et que le non-respect réitéré par Bolsonaro des mesures judiciaires justifie l’assignation à résidence.
Cette mesure s’inscrit dans un contexte plus large où plusieurs anciens présidents brésiliens ont fait l’objet de poursuites judiciaires après la période de régime militaire, à l’exemple de Luiz Inácio Lula da Silva, emprisonné puis réhabilité par la suite.
Conclusion
L’assignation à résidence de Jair Bolsonaro représente une étape significative dans la procédure judiciaire en cours pour tentative présumée de coup d’État. Cette décision met en lumière les tensions politiques et institutionnelles internes au Brésil ainsi que l’impact des réactions internationales sur le déroulement du procès.