Constat initial
Des organisations non gouvernementales (Lingo, Data for Good, Reclaim Finance et Éclaircies) ont publié un décompte indiquant que 28 grands projets d’extraction de pétrole, de gaz ou de charbon sont entrés en exploitation depuis 2021. Ces projets sont qualifiés de « bombes carbone » en raison du volume d’émissions de CO2 qu’ils peuvent générer sur leur durée de vie.
Définition et méthodologie
Le terme « bombes carbone » renvoie, selon une étude publiée en 2022, à des projets d’énergies fossiles susceptibles d’émettre au moins un milliard de tonnes de CO2 au cours de leur exploitation. L’étude initiale recensait 425 projets. Le nouveau décompte des organisations mentionnées repose sur l’analyse croisée de bases de données du secteur énergétique et financier et aboutit à un total de 601 projets recensés, dont 365 restent évalués à plus d’un milliard de tonnes de CO2.
Chiffres principaux
- 28 projets de grande ampleur mis en exploitation entre 2021 et 2025.
- 12 projets annulés sur la même période.
- 601 projets recensés au total, dont 365 dépassent 1 milliard de tonnes de CO2.
- Plus de 2 300 projets plus petits approuvés ou lancés depuis 2021 présentent des émissions potentielles supérieures à 5 millions de tonnes de CO2 chacun.
Répartition géographique et acteurs
Selon les données publiées, 43 % des « bombes carbone » se situent en Chine, 9 % en Russie et 5 % aux États-Unis. Parmi les entreprises engagées dans ces projets figurent de grandes compagnies pétrolières et gazières internationales ainsi que des acteurs publics : Saudi Aramco et la société chinoise CHN Energy sont citées pour des projets aux fortes émissions potentielles.
Financement
Les organisations rapportent que, entre 2021 et 2024, les 65 plus grandes banques mondiales ont accordé plus de 1 600 milliards de dollars aux entreprises impliquées dans les projets étudiés. Les établissements américains JPMorgan Chase, Citigroup et Bank of America ainsi que les japonaises Mizuho et MUFG sont mentionnés parmi les principaux pourvoyeurs de financements.
Contexte international
En 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé que le lancement de nouveaux projets pétroliers ou gaziers est incompatible avec les trajectoires visant à respecter l’objectif de l’Accord de Paris. Lors de la COP28, les pays participants ont réaffirmé la nécessité d’accélérer la transition énergétique pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.
Évaluations et conséquences
Les calculs présentés dans le décompte indiquent que les émissions potentielles cumulées de l’ensemble des projets identifiés représentent un volume environ onze fois supérieur au « budget carbone » mondial restant pour maintenir le réchauffement moyen planétaire en dessous de 1,5 °C. Des scientifiques du climat estiment que, si les trajectoires d’émissions ne sont pas modifiées, l’objectif de l’Accord de Paris risque d’être dépassé au cours de cette décennie.
Déclarations rapportées
Un représentant de Data for Good (Lou Welgryn) a déclaré que l’activité des entreprises du secteur fossile et les financements mobilisés pour ces projets compromettent l’objectif de l’Accord de Paris.








