Contexte
L'examen du projet de loi de finances pour 2026 (PLF) et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a donné lieu à un débat parlementaire portant sur plusieurs volets : le périmètre et le budget de la prime de Noël, des mesures fiscales touchant la CSG et la fiscalité du capital, la fiscalité des biocarburants, et de nombreuses dispositions sociales et sectorielles. La prime de Noël, instaurée en 1998, est une aide annuelle versée par la CAF, la MSA et Pôle emploi à certains allocataires de minima sociaux.
Propositions gouvernementales et positions publiques
Le ministre du Travail et des Solidarités, Jean‑Pierre Farandou, a indiqué le 4 novembre 2025 que le gouvernement proposait de recentrer le versement de la prime de Noël sur les allocataires de minima sociaux ayant des enfants. Le gouvernement a précisé que ce recentrage pouvait faire l'objet d'amendements parlementaires et devait s'accompagner d'un financement équivalent. Le ministre de l'Économie, Roland Lescure, s'est publiquement déclaré favorable à un recentrage sur les foyers avec enfants.
Le gouvernement a également présenté des propositions visant à réduire certaines dépenses et à modifier des niches fiscales et sociales dans un objectif d'équilibre budgétaire. Parmi ces pistes figurent des modifications sur la défiscalisation des heures supplémentaires, les exonérations pour l'apprentissage, et les dispositifs d'allégements pour certaines entreprises.
Mesures votées ou adoptées en première lecture
Prime de Noël et enveloppe budgétaire : le PLF mentionne une réduction de l'enveloppe consacrée à la prime de Noël, qui passerait, selon le projet, de 466,5 millions d'euros en 2025 à 261,5 millions d'euros en 2026. Les bénéficiaires traditionnels incluent les allocataires du RSA, de l'ASS, de l'AER et les personnes en fin de droits de l'assurance chômage. Les montants souvent évoqués dans les débats sont d'environ 152,45 € pour une personne seule et 228,68 € pour un couple sans enfant.
Revenus du capital et CSG : un amendement adopté à l'Assemblée nationale a augmenté une fraction de la contribution sociale généralisée (CSG) sur certains revenus du capital, portant une fraction du taux de 9,2 % à 10,6 %, visant des produits d'assurance‑vie, dividendes, épargne salariale, plans d'épargne logement et plus‑values. Le vote d'adoption a été acquis à l'Assemblée par 168 voix contre 140.
Heures supplémentaires : l'Assemblée a adopté des amendements étendant la déduction forfaitaire de cotisations patronales applicable aux heures supplémentaires à l'ensemble des entreprises. Les règles existantes prévoyaient des montants différenciés selon la taille des entreprises (1,50 euro par heure pour les entreprises de moins de 20 salariés, 0,50 euro pour celles de 20 à 250 salariés, et une monétisation du rachat de journées de RTT pouvant ouvrir droit à 3,50 euros par journée rachetée pour les entreprises de 20 à 250 salariés). L'extension vise à appliquer le dispositif à toutes les entreprises.
Exonérations pour l'apprentissage et outre‑mer : l'Assemblée a adopté des amendements maintenant l'exonération de cotisations en faveur des apprentis et rétablissant certaines exonérations pour les entreprises outre‑mer. Les critères permettant à certaines jeunes entreprises innovantes (JEI) de bénéficier d'allégements de cotisations ont été rétablis.
Biocarburants : le PLF contient des propositions visant à réduire la défiscalisation de certains biocarburants (E85, B100). L'Assemblée a déjà rejeté, sur un précédent vote, la suppression des avantages fiscaux accordés aux biocarburants B100 et E85.
Autres votes et amendements : la première lecture a vu l'adoption de multiples amendements, dont une réduction de la durée de détention requise pour l'exonération totale de la plus‑value sur une résidence secondaire de 22 à 17 ans, et un doublement voté de la taxe sur les géants du numérique conduisant à un taux de 6 % en séance.
Estimations budgétaires et position gouvernementale
Des estimations parlementaires ont été évoquées pour chiffrer l'impact de certaines mesures proposées, notamment l'effet de la suspension des retraites et les recettes attendues de la réforme de la CSG. Le coût de l'élargissement de la déduction forfaitaire sur les heures supplémentaires a été estimé, selon la ministre des Comptes publics, à moins de 150 millions d'euros. La ministre a indiqué un avis de sagesse sur ces amendements, relevant la nécessité d'arbitrages lors de la navette parlementaire.
Débats parlementaires et procédure
Les débats à l'Assemblée nationale ont donné lieu à un grand nombre d'amendements pour le PLF et le PLFSS, générant un risque de dépassement des délais de procédure prévus par la Constitution. Des comptes rendus parlementaires ont fait état de plusieurs milliers d'amendements déposés sur l'ensemble des textes. Le gouvernement a indiqué son intention de transmettre au Sénat les amendements adoptés par l'Assemblée. Les responsables parlementaires ont également évoqué la possibilité, en cas d'absence de décision du Parlement dans le délai légal, d'appliquer la procédure prévue par l'article 47 de la Constitution.
Réactions politiques et mobilisations
Les propositions et les votes ont suscité des réactions de diverses formations politiques : opposition sur le recentrage de la prime de Noël, critiques sur la hausse de la fiscalité pour certains acteurs économiques, et débats sur la trajectoire des dépenses publiques. Des syndicats et associations ont appelé à des mobilisations contre plusieurs mesures, en particulier sur le gel des pensions et les réductions touchant les minima sociaux. Des mobilisations de professionnels ont aussi été signalées, notamment dans les secteurs affectés par des mesures prévues dans le PLF (par exemple, la vape pour une taxe sur les liquides de vapotage).
Enjeux environnementaux
Plusieurs députés ont critiqué l'insuffisance des mesures liées à l'écologie dans le PLF, estimant que le texte accorde une place limitée aux enjeux environnementaux et climatiques dans le contexte budgétaire présenté. Des voix de différents bords ont souligné la nécessité d'une meilleure prise en compte des impacts environnementaux dans les orientations budgétaires.
Suites prévues
L'Assemblée nationale et le Sénat poursuivent la navette parlementaire qui déterminera la version définitive des mesures. Le Sénat a indiqué la possibilité de corriger certaines dispositions adoptées par l'Assemblée. Les arbitrages gouvernementaux et les votes ultérieurs au cours de la navette seront déterminants pour la portée finale des mesures inscrites dans le PLF et le PLFSS.








