Contexte historique des immersions de déchets radioactifs
Entre 1946 et 1993, plus de 200 000 fûts contenant des déchets radioactifs ont été immergés dans l'océan Atlantique Nord-Est. Cette opération a eu lieu dans la plaine abyssale, à plus de 4 000 mètres de profondeur et dans les eaux internationales. Les pays européens comme l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse ont participé à ces immersions. Ces actions étaient alors vues comme une méthode acceptable de gestion des déchets de l'industrie nucléaire.
Déroulement de la mission scientifique
Une mission scientifique récente, menée par un groupe de 21 chercheurs issus de divers pays, a permis de cartographier plus de 3 350 fûts sur une zone précise située à environ 1 000 km au sud-ouest de Brest, en France, et à 650 km au nord-ouest de La Corogne en Espagne. Cette mission, baptisée "NODSSUM", a été réalisée à bord du navire scientifique L'Atalante de la flotte océanographique française.
Technique d'exploration et observations
Les chercheurs ont utilisé le submersible autonome Ulyx de l'Ifremer, qui a effectué 17 plongées avec un sonar à très haute résolution. Cette technologie a permis de cartographier la zone sur 163 km² avec une densité observée d'environ 20 fûts par km². Soit 50 fûts ont également été pris en photo, révélant des états de conservation variés, allant de fûts quasiment intacts à d'autres fortement corrodés et colonisés par des organismes marins tels que des anémones.
Résultats des mesures de radioprotection
Les outils de mesure de radioprotection n'ont révélé aucune anomalie majeure de radioactivité. Les valeurs relevées se situent dans les limites du bruit de fond environnemental, ce qui a été jugé rassurant par les chercheurs. Cependant, ces résultats doivent être vérifiés par des analyses plus fines qui seront réalisées sur les échantillons prélevés de sédiments, d'eau et de poisson dans les prochains mois.
Perspectives et futures évaluations
Selon Patrick Chardon, co-chef de mission, l'objectif à long terme n'est pas de remonter les fûts en raison des coûts excessifs impliqués, bien que cela soit technologiquement faisable. Les résultats de cette campagne devraient permettre d'évaluer la nécessité d'une surveillance accrue des sites de décharge en mer. La convention de Londres de 1993 interdit désormais toute immersion de déchets radioactifs en mer, mais la mission actuelle a été la première de ce type depuis les opérations photographiques menées dans les années 1980. Une future mission est envisagée pour mieux comprendre les impacts écologiques potentiels et évaluer si des mesures de suivi plus fréquentes sont nécessaires.