Les faits
Al Jazeera a annoncé la mort de cinq membres de son équipe lors d’une frappe israélienne visant une tente utilisée par des journalistes à Gaza‑Ville, devant l’hôpital al‑Chifa. La chaîne évoque « ce qui semble être une attaque ciblée ». L’armée israélienne a confirmé avoir visé l’un des correspondants.
Victimes identifiées
Selon la chaîne, les personnes tuées sont les correspondants Anas al‑Sharif (28 ans) et Mohammed Qreiqeh, ainsi que les cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa. Anas al‑Sharif faisait partie des reporters régulièrement mobilisés pour couvrir le conflit dans la bande de Gaza.
Position de l’armée israélienne et éléments publics
L’armée israélienne affirme avoir ciblé Anas al‑Sharif, le qualifiant de « terroriste » qui « se faisait passer pour un journaliste ». Dans un message sur Telegram, elle le présente comme « chef d’une cellule » du Hamas, « responsable de la préparation d’attaques de roquettes » contre des civils israéliens et des troupes. Dans ses derniers messages publiés sur X, Anas al‑Sharif évoquait des bombardements en cours. Un texte posthume qu’il avait rédigé en cas de décès a été diffusé sur son compte, appelant à « ne pas oublier Gaza ».
Réactions des organisations de presse
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) critique la pratique consistant à présenter des journalistes comme des militants sans fournir de preuves jugées crédibles. L’organisation rappelle que les journalistes sont des civils et ne doivent pas être pris pour cibles, et demande que les responsables répondent de leurs actes. Reporters sans frontières (RSF) recense près de 200 journalistes tués depuis le 7 octobre 2023 dans le contexte de la guerre, dont au moins 45 « dans l’exercice de leur profession ».
Accès des médias et cadre réglementaire
Depuis le début du conflit, la presse internationale n’opère pas librement dans la bande de Gaza. Seuls quelques médias ont été admis en reportage embarqué (« embed ») avec l’armée israélienne, leurs contenus étant soumis à la censure militaire. Les rédactions internationales s’appuient en grande partie sur des journalistes locaux. En mai 2024, Israël a interdit la diffusion d’Al Jazeera sur son territoire et a ordonné la fermeture de ses bureaux. L’armée israélienne a, à plusieurs reprises, accusé des journalistes de la chaîne d’être des « agents » affiliés au Hamas. Par ailleurs, l’Autorité palestinienne avait temporairement interdit à Al Jazeera de travailler en Cisjordanie au début de l’année, l’accusant d’« incitation ».
Annonces des autorités israéliennes
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu indique avoir demandé à l’armée d’autoriser davantage de journalistes internationaux à travailler dans la bande de Gaza sous contrôle militaire. Il présente également un plan d’opérations prévoyant la prise de la ville de Gaza. Selon ses déclarations, des « couloirs protégés » seraient mis en place pour permettre aux civils de quitter les zones de combat vers des zones désignées, avec un renforcement de l’aide via l’augmentation des sites de distribution soutenus par la GHF et par des largages aériens.
Avertissements internationaux et bilan du conflit
Lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, le sous-secrétaire général de l’ONU, Miroslav Jenca, met en garde contre des opérations susceptibles d’entraîner « une nouvelle calamité » aux conséquences régionales. Selon un décompte établi à partir de données officielles, 1 219 personnes ont été tuées en Israël depuis le 7 octobre 2023. À Gaza, le ministère de la Santé dirigé par le Hamas fait état de 61 430 morts; ces chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Les autorités israéliennes estiment, par ailleurs, que 49 otages restent détenus par le Hamas.