Contexte et déroulement de l'affaire
L'ancien président colombien Álvaro Uribe Vélez, qui a exercé ses fonctions de 2002 à 2010, a été condamné le vendredi 1er août 2025 à douze ans d'assignation à résidence. Cette décision de justice fait suite à sa reconnaissance de culpabilité pour subornation de témoins et fraude procédurale, marquant le premier cas dans l'histoire du pays où un ancien chef d'État est condamné et privé de liberté.
Détails de la condamnation
En plus de l'assignation à résidence, la juge Sandra Liliana Heredia a prononcé une interdiction pour Uribe d'exercer toute fonction publique pendant plus de huit ans, assortie d'une amende dont le montant varie selon les sources, située entre 578 000 dollars et 3,4 milliards de pesos colombiens (environ 710 000 à 837 000 euros/dollars selon la conversion retenue). La peine est entrée en vigueur immédiatement afin d'éviter toute tentative de fuite du territoire national.
Origine des poursuites et déroulement du procès
Les poursuites trouvent leur origine dans une enquête débutée en 2018, après qu'Uribe a accusé le sénateur de gauche Ivan Cepeda d'organiser de faux témoignages pour l'associer, lui et ses alliés, à des groupes paramilitaires d'extrême droite impliqués dans le conflit armé colombien. La Cour suprême a, en 2018, classé les accusations contre Cepeda et orienté ses investigations vers Uribe lui-même, soupçonné d'avoir incité des témoins emprisonnés à fournir de fausses déclarations en sa faveur.
Le procès s'est ouvert en mai 2024 et a été très suivi par la population colombienne, notamment du fait de la diffusion en direct des audiences et de la présence de plus de 90 témoins. L'affaire a été marquée par des tensions, dont une altercation verbale entre l'ancien président et la juge concernant la divulgation du jugement avant sa lecture officielle.
Réactions et suites judiciaires
Dès l'annonce de la condamnation, Uribe et sa défense ont déclaré leur intention de faire appel de la décision devant la Haute Cour de Bogota, puis potentiellement devant la Cour suprême. La juge a accordé jusqu’au 13 août pour présenter les arguments en appel. Des manifestations de soutien à Uribe ont été annoncées par son parti, Centro Democrático, qui a également contesté le caractère de la décision.
L'ancien président demeure une figure influente de la droite colombienne, secteur politique en opposition depuis l'entrée en fonction du président Gustavo Petro en 2022. Ce dernier a réitéré le respect de la séparation des pouvoirs dans un message officiel. Parallèlement, les avocats d’Uribe ont annoncé le dépôt d'une plainte contre Gustavo Petro pour harcèlement et diffamation, alléguant des accusations infondées portées à l’encontre de leur client.
Enjeux politiques et répercussions
Cette affaire intervient à moins d'un an de l’élection présidentielle prévue pour mai 2026, pour laquelle plusieurs alliés d’Uribe sont candidats. Le dossier judiciaire, qui s'est étalé sur plus d'une décennie et a connu plusieurs tentatives de classement, continue d'occuper une place prépondérante dans le débat public et politique en Colombie. La condamnation d’Uribe a également suscité des réactions de la part d’acteurs internationaux, certains jouant sur les relations bilatérales entre la Colombie et d’autres nations, dont les États-Unis.
Enfin, la décision de justice est considérée comme révélatrice d'un contexte plus large, des enquêtes étant en cours sur d'éventuels liens entre Uribe et des groupes paramilitaires responsables de nombreuses violences contre des civils durant le conflit armé colombien.