Résumé
Une étude de l'Institut pour la Santé Mondiale de Barcelone, publiée le 22 septembre 2025 dans la revue Nature Medicine, estime que la chaleur a contribué à environ 62 775 décès en Europe pendant l'été 2024. Les auteurs fournissent également une fourchette d'incertitude pour 2024, comprise entre environ 35 000 et 85 000 décès. L'étude est présentée comme un bilan annuel couvrant près d'une trentaine de pays européens.
Méthodologie
L'étude utilise des données observées de mortalité régionale et des séries de températures pour estimer les décès liés à la chaleur sur la période estivale. Les chercheurs croisent les données de mortalité observée avec des indicateurs de température afin d'estimer le nombre de décès attribuables à des températures élevées plutôt qu'à d'autres causes. Les auteurs indiquent que des choix méthodologiques et des incertitudes inhérentes aux modèles expliquent l'étendue de la fourchette d'estimations.
Estimations de mortalité (2022–2024)
- 2022 : estimation la plus probable 67 873 décès (valeur citée par les auteurs).
- 2023 : estimation la plus probable 50 798 décès (valeur citée par les auteurs).
- 2024 : estimation la plus probable 62 775 décès, avec une fourchette d'incertitude d'environ 35 000 à 85 000 décès.
Les chiffres pour chaque année résultent des mêmes principes méthodologiques, et les auteurs précisent que les valeurs centrales sont des estimations jugées les plus probables parmi plusieurs scénarios possibles.
Répartition géographique
Selon l'étude, les pays ayant enregistré le plus grand nombre de décès attribuables à la chaleur en 2024 sont :
- Italie : fourchette 13 858 à 23 506 décès.
- Espagne : fourchette 4 655 à 8 513 décès.
L'étude précise que, rapportée à la population, la mortalité liée à la chaleur a été plus élevée dans d'autres pays, notamment la Grèce et la Bulgarie.
Incertitudes et limites
Les auteurs indiquent plusieurs sources d'incertitude : choix de la méthodologie pour relier température et mortalité, variation régionale des données disponibles, et sensibilité des modèles aux paramètres choisis. Ces éléments expliquent l'étendue de la fourchette d'estimations pour 2024 et la nécessité d'interpréter les valeurs centrales comme des estimations probabilistes plutôt que comme des comptes définitifs.
Comparaison avec d'autres estimations
L'étude mentionne des travaux récents menés sur des épisodes de canicule (notamment une estimation effectuée à partir de données de villes issues d'institutions britanniques) qui fournissaient des bilans limités à certains jours ou à un sous-ensemble de villes. Les auteurs distinguent leur approche en soulignant l'utilisation de données observées exhaustives sur une période estivale complète et sur un périmètre géographique plus large, ce qui, selon eux, renforce la robustesse des estimations mais n'élimine pas les incertitudes méthodologiques.
Implications pour la santé publique
Les auteurs indiquent que la chaleur peut aggraver plusieurs pathologies (cardiaques, respiratoires, métaboliques, psychiatriques) et que, compte tenu des estimations, la mortalité liée aux températures élevées représente un enjeu de santé publique en Europe. Les résultats peuvent servir de base à l'évaluation des politiques de prévention et d'adaptation aux épisodes de chaleur.
Source
Étude publiée par des chercheurs de l'Institut pour la Santé Mondiale de Barcelone dans Nature Medicine (publication datée le 22 septembre 2025).