Situation humanitaire et accès à l’aide
Après près de deux ans de conflit à Gaza, l’acheminement de l’aide humanitaire demeure extrêmement complexe. Les quantités de nourriture et de produits de première nécessité qui parviennent sur place sont jugées largement insuffisantes par les organisations internationales. Lorsque des convois alimentaires ou des largages aériens ont lieu, des foules importantes de personnes en situation d'insécurité alimentaire affluent immédiatement, donnant lieu à des scènes de bousculades et de violences. Certaines distributions ont été marquées par des affrontements armés et des blessures.
Obstacles logistiques et sécuritaires
Les modalités d’accès à Gaza sont régies par divers processus, tels que la délivrance de permis, les procédures de dédouanement ou la sélection des itinéraires, qui sont souvent décrits comme lents et restrictifs. Des organisations humanitaires signalent que, dans certains cas, des modifications inopinées des plans de chargement et des itinéraires sont imposées, rendant les convois vulnérables aux violences ou aux pillages.
Deux principaux points d’entrée sont utilisés, notamment les postes frontières de Zikim au nord et de Kerem Shalom au sud. Selon des ONG, certaines routes imposées pour rallier les entrepôts comportent des risques accrus de violence et de vol.
Pillages et contrôle de l'aide
Une part significative de l’aide fait l’objet de détournements par des groupes criminels ou des commerçants, qui attaquent parfois directement les entrepôts ou les convois et revendent ensuite les vivres à des prix largement supérieurs à la valeur initiale. Selon plusieurs sources humanitaires et de recherche, les personnes les plus vulnérables n’ont pas l'énergie nécessaire pour faire face à ces conditions de distribution et sont donc exclues de l’accès à l’aide.
L’aide est également sujette à un système de revente sur les marchés locaux, où les prix atteignent souvent des niveaux très élevés. Des déclarations de responsables humanitaires et d'ONG attribuent ces détournements majoritairement à des groupes criminels plutôt qu'à des structures centralisées.
Implication d’acteurs armés et contrôles divers
Des accusations récurrentes d'entraves ou de détournements de l'aide sont adressées à diverses parties :
- Israël accuse le Hamas de s’être approprié l’aide humanitaire destinée à la population, ce qui a contribué à un blocage total entre mars et mai, puis à la création d’une nouvelle organisation privée de distribution d’aide, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis. Cependant, d’autres acteurs ont contesté l’implication centrale du Hamas dans la captation de la totalité de l’aide.
- Des membres d’organisations internationales estiment que le manque de structure de sécurité locale, en raison de la faiblesse de l’autorité du Hamas, laisse un vide favorisant l'insécurité et le développement de réseaux de criminalité organisée autour de la distribution de l’aide.
- Certains chercheurs mentionnent le rôle de groupes armés locaux, tels que les Forces populaires dirigées par des chefs tribaux, accusés d’être impliqués dans des activités criminelles autour de l’aide.
Il est également rapporté que certains groupes, autrefois engagés dans la sécurisation de l’aide, ne disposent plus de la capacité organisationnelle ou matérielle de poursuivre ce rôle. Des allégations non vérifiées font état d’une tolérance, voire d’un soutien aux réseaux criminels par certaines forces de sécurité pour contrer leur rival.
Appels à une meilleure protection de l’aide
Les agences onusiennes et partenaires humanitaires appellent régulièrement à une amélioration de la protection des convois, des stocks et des points de distribution d’aide. Elles soulignent la nécessité de faciliter l’accès, de sécuriser les itinéraires et d’accroître les quantités autorisées afin d’atteindre la totalité de la population concernée par l’insécurité alimentaire à Gaza.