Faits principaux
Le sperme d'un donneur anonyme danois a été utilisé pour concevoir près de 200 enfants. Des tests ont montré la présence, chez certains enfants, d'une altération rare du gène TP53, connue pour accroître le risque de survenue de cancers. Le donneur était porteur sain de cette altération, présente en mosaïque dans une fraction de ses spermatozoïdes mais non détectée dans les autres tissus examinés.
Chronologie des événements
Entre 2006 et 2022, des échantillons de sperme issus de ce donneur ont été distribués à des cliniques de fertilité. En avril 2020, la banque de sperme a été informée qu'un enfant issu d'un don présentait un cancer et portait une mutation du gène TP53. Un test effectué sur un échantillon de sperme du donneur n'avait alors pas révélé la mutation et la distribution avait repris après une pause initiale.
Trois ans plus tard, des signalements supplémentaires ont indiqué qu'au moins un autre enfant né d'un don présentait la même mutation et un cancer. Des analyses approfondies ont permis de démontrer que la mutation était présente en mosaïque dans une petite proportion des spermatozoïdes du donneur. En conséquence, la banque a cessé la distribution de ce don fin octobre 2023.
Caractéristiques génétiques et implications cliniques
La mutation identifiée affecte le gène TP53, un suppresseur de tumeur central dans le contrôle de la croissance cellulaire et de l'apoptose. Lorsqu'elle est transmise par un spermatozoïde porteur, la mutation devient présente dans toutes les cellules de l'enfant conçu, entraînant une prédisposition accrue aux tumeurs, selon des mécanismes similaires à certains syndromes de prédisposition héréditaire au cancer.
Les techniques de dépistage standard pratiquées avant distribution n'ont pas systématiquement détecté cette mosaïque germinale, principalement en raison de sa faible fréquence dans la population de spermatozoïdes analysée.
Répartition et chiffres communiqués
Les échantillons de ce donneur ont été fournis à 67 cliniques situées dans 14 pays. Au moins 197 enfants seraient nés grâce à ce don. Dans un pays ayant utilisé ces échantillons, les autorités sanitaires ont signalé 99 naissances liées à des traitements locaux, réparties entre 49 enfants nés de femmes résidant dans ce pays et 50 nés de femmes traitées sur son territoire mais résidant à l'étranger.
Il est important de noter que toutes les personnes conçues à partir de ce don ne sont pas nécessairement porteuses de la mutation : la transmission ne survient que si le spermatozoïde utilisé portait l'altération.
Réactions et questions réglementaires
La banque de sperme concernée a indiqué que la mutation n'était pas détectable par les dépistages génétiques alors en vigueur et a précisé avoir fourni de nombreux échantillons sur plusieurs années. En 2022, elle avait fixé un plafond interne de 75 familles par donneur.
Plusieurs pays disposent de limites nationales quant au nombre de descendants autorisés par donneur (par exemple dix ou douze descendants selon la juridiction). Il n'existe pas de réglementation internationale uniforme encadrant la distribution transfrontalière des dons ni la coordination obligatoire des signalements génétiques postnataux.
Enjeux identifiés
Cet épisode met en lumière des limites techniques du dépistage des mutations en mosaïque dans les cellules germinales, la nécessité d'une meilleure coordination entre banques, cliniques et autorités sanitaires, ainsi que l'importance d'un suivi et d'une information systématiques lorsque des anomalies génétiques sont détectées après naissance. Il pose aussi des questions éthiques et réglementaires sur les plafonds de dons transfrontaliers et la protection des personnes conçues par don face à des risques médicaux héréditaires.








