Introduction
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié le 3 décembre 2025 des résultats d'analyses portant sur la présence d'acide trifluoroacétique (TFA, formule CF3COOH) et d'autres PFAS dans des échantillons d'eau prélevés sur l'ensemble du territoire français.
Méthodologie et prélèvements
L'étude a porté sur 647 échantillons d'eau brute (cours d'eau, mares, lacs, eaux souterraines, puits, etc.) et 627 échantillons d'eau du robinet, prélevés en métropole et en outre‑mer. Au total, 35 substances de la famille des PFAS ont été recherchées.
Résultats principaux
Les analyses indiquent la présence du TFA dans 92 % des échantillons testés. La concentration médiane mesurée pour le TFA est de 0,81 microgramme par litre. La concentration maximale relevée atteint environ 20 microgrammes par litre, valeur observée à proximité d'un site industriel identifié comme producteur historique de TFA à Salindres (Gard). Parmi les autres PFAS recherchés, l'acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS) a été détecté dans 27 % des échantillons, les autres substances étant moins fréquentes.
Propriétés du TFA et enjeux pour la santé
Le TFA appartient à la famille des PFAS et est caractérisé par une forte persistance environnementale et une grande mobilité dans les milieux aquatiques. Plusieurs études scientifiques associent l'exposition au TFA à des effets sur le foie, à des effets sur la fertilité et à des risques pour le développement fœtal. En tant que PFAS à chaîne courte, la petite taille moléculaire du TFA complique son élimination par les procédés de traitement des eaux conventionnels.
Sources et voies de contamination
Les mécanismes identifiés pour la présence de TFA dans l'environnement comprennent la décomposition atmosphérique de gaz fluorés utilisés pour la réfrigération, des rejets liés à la fabrication ou à l'utilisation de produits fluorés (par exemple certains pesticides) et des émissions directes ou indirectes par des sites industriels qui synthétisent ou utilisent du TFA. Des associations environnementales ont signalé plusieurs sites industriels nationaux comme points de contamination locaux.
Traitement de l'eau et cadre réglementaire
L'Anses note qu'il n'existe pas d'obligation générale de mesurer le TFA dans l'eau du robinet à ce jour. Le ministère de la Santé a retenu une "valeur sanitaire indicative" de 60 microgrammes par litre pour le TFA, et les concentrations mesurées dans cette campagne restent inférieures à cette valeur. Des États membres européens ont retenu des valeurs différentes (par exemple, la valeur rapportée pour les Pays‑Bas est de 2,2 microgrammes par litre). L'Union européenne prévoit de définir des seuils harmonisés à l'échelle communautaire en 2026. Certaines stations d'épuration et usines de traitement des eaux ont recours à des procédés de filtration avancés visant à retenir des molécules de très petite taille; ces techniques sont mises en œuvre de manière variable sur le territoire.
Observations et perspectives
Les données signalent une présence répandue du TFA dans les eaux françaises et des concentrations variables selon les zones géographiques. Des acteurs institutionnels, scientifiques et associatifs ont formulé des recommandations visant à réduire les émissions à la source et à poursuivre les investigations sur les effets sanitaires et les techniques de traitement. Le contexte réglementaire européen et national est en évolution en matière de seuils et de surveillance des PFAS.








