La Chine a annoncé le 5 septembre 2025 l'imposition de droits antidumping provisoires sur les importations de porc et de sous-produits porcins en provenance de l'Union européenne (UE). Ces mesures s'appuient sur une enquête ouverte en juin 2024 et prendront effet à partir du 10 septembre 2025, sous réserve des conclusions finales de l'enquête attendues en décembre 2025.
Contexte et déroulement de l'enquête
Les autorités chinoises ont lancé une enquête antidumping sur les importations de porc européen en juin 2024. Selon le ministère chinois du Commerce, l'autorité responsable de l'enquête a déterminé, de manière préliminaire, que ces importations faisaient l'objet de dumping et que l'industrie chinoise avait subi un « préjudice important », formulation issue du communiqué officiel.
Les autorités chinoises indiquent que l'ouverture de l'enquête a suivi l'annonce par la Commission européenne de mesures visant les importations de véhicules électriques fabriqués en Chine. Des observateurs et acteurs des deux côtés ont interprété cette séquence comme incluse dans un contexte plus large de tensions commerciales entre Pékin et Bruxelles.
Mesures annoncées
Les autorités chinoises ont décidé d'appliquer des mesures antidumping provisoires sous forme de cautions à déposer auprès des Douanes. Les droits annoncés se situent entre 15,6 % et 62,4 % et sont prévus pour entrer en vigueur à partir du 10 septembre 2025. Le caractère provisoire renvoie à la poursuite de l'enquête, dont les conclusions finales sont programmées pour décembre 2025.
Données commerciales et impact attendu
La Chine est le premier marché consommateur mondial de porc. Selon les douanes chinoises, les importations de produits porcins en provenance d'Espagne se sont élevées à 4,3 milliards de yuans (environ 516 millions d'euros) l'année précédente. La France a exporté vers la Chine 115 000 tonnes de produits porcins en 2024.
Des acteurs sectoriels européens ont exprimé leurs préoccupations quant à l'impact potentiel de ces droits sur les prix à la production et sur les exportations. Thierry Meyer, vice-président d'Inaporc (interprofession du porc en France), a déclaré que la mesure pourrait exercer une pression à la baisse sur les prix de production en Europe et a contesté l'existence de pratiques de dumping, en rappelant la compétitivité des prix européens sur le marché chinois.
Réactions politiques et diplomatiques
La Commission européenne a indiqué qu'elle prendrait « toutes les mesures nécessaires pour défendre ses producteurs et ses industriels », selon un porte-parole. Le gouvernement espagnol, par la voix du ministre de l'Agriculture Luis Planas, a privilégié la résolution des différends par la négociation et rappelé l'importance des relations commerciales entre l'Espagne et la Chine.
Des organisations de producteurs en Espagne ont qualifié la décision de mesure de représailles, en lien avec les différends commerciaux entourant les droits de douane ciblant les véhicules électriques chinois. Ces interprétations ont été rapportées par des représentants de la filière.
Sur le plan diplomatique, l'annonce intervient après une série de rencontres internationales à Pékin au cours desquelles le président chinois a reçu plusieurs dirigeants étrangers. La cheffe de la diplomatie européenne a exprimé des réserves sur certaines de ces rencontres. Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré s'opposer à toute coercition et a critiqué certaines prises de position occidentales.
Perspectives
L'enquête chinoise se poursuit jusqu'à la date prévue de clôture en décembre 2025, date à laquelle des conclusions finales pourront être adoptées et des mesures définitives éventuellement mises en place. Le déroulement et l'issue de cette procédure détermineront le niveau et la durée effective des droits et pourront influencer le commerce bilatéral de produits porcins entre la Chine et l'UE.
Les autorités publiques et les acteurs de la filière en Europe suivent l'évolution de l'enquête pour évaluer les conséquences commerciales et économiques des mesures provisoires annoncées.