Contexte général
Le Soudan est confronté à sa plus grave épidémie de choléra récente dans un contexte de guerre civile et d’effondrement des services essentiels. Depuis avril 2023, le conflit oppose l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR), dégradant les infrastructures de santé, l’accès à l’eau potable et la capacité d’acheminer l’aide humanitaire.
Chiffres clés de l’épidémie
D’après Médecins Sans Frontières (MSF) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 100 000 cas de choléra ont été signalés depuis juillet 2024. L’UNICEF fait état de plus de 2 400 décès entre août 2024 et août 2025, touchant 17 des 18 États du pays. Au Darfour, dans l’ouest du Soudan, MSF rapporte au moins 40 décès en une semaine et plus de 2 300 patients traités sur la même période.
Populations à risque et impacts sanitaires
Les enfants de moins de cinq ans sont les plus vulnérables. L’UNICEF estime à plus de 640 000 le nombre d’enfants menacés dans l’État du Darfour-Nord, où les combats pour le contrôle d’El-Facher se sont intensifiés. Le choléra, infection diarrhéique aiguë transmise principalement par de l’eau ou des aliments contaminés, peut être mortel en quelques heures en l’absence de traitement de réhydratation et de soins appropriés.
Situation locale à Tawila (Darfour-Nord)
À Tawila, qui accueille des centaines de milliers de personnes déplacées par les combats, l’accès à l’eau est gravement insuffisant : en moyenne 3 litres par personne et par jour, soit moins de la moitié du seuil minimal d’urgence de 7,5 litres recommandé par l’OMS. Des cas de consommation d’eau contaminée ont été documentés, notamment après la découverte d’un corps dans un puits utilisé comme source d’approvisionnement. Environ 300 enfants atteints de choléra y ont été recensés depuis avril 2025.
Facteurs aggravants et contraintes opérationnelles
La poursuite des hostilités entrave l’acheminement régulier de l’assistance médicale et humanitaire, limitant l’accès aux traitements essentiels (solutions de réhydratation, perfusions, antibiotiques) et aux activités de prévention (chloration, assainissement, sensibilisation). La saison des pluies, qui se renforce en août, augmente le risque de contamination des points d’eau et favorise la propagation de la maladie.
Malnutrition et insécurité alimentaire
À Damazin, capitale de l’État du Nil Bleu, la concomitance malnutrition–choléra accroît la mortalité et plusieurs décès associés ont été signalés. Le Darfour-Nord et la ville d’El-Facher enregistrent également un nombre élevé de décès liés à la malnutrition. À l’échelle nationale, environ 25 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, certains territoires étant déjà confrontés à la famine.
Réponses et appels internationaux
L’Union européenne, le Japon, le Canada et le Royaume-Uni appellent les parties au conflit à garantir des couloirs sûrs et un accès humanitaire sans entrave. Selon les agences des Nations unies, la crise soudanaise figure parmi les plus graves au monde, par la combinaison d’un conflit armé, d’une épidémie de choléra et d’une insécurité alimentaire extrême.
Conclusion
L’épidémie de choléra au Soudan, exacerbée par la guerre et l’effondrement du système de santé, menace des dizaines de milliers de vies, particulièrement dans les zones de combats comme le Darfour-Nord. Sans amélioration rapide de l’accès à l’eau potable, aux soins et à l’aide internationale, la situation sanitaire et humanitaire risque de continuer de se détériorer.