Résumé
Le gouvernement danois a présenté des excuses aux personnes soumises à des campagnes de contraception menées au Groenland. L'annonce a précisé la reconnaissance de responsabilités et l'ouverture d'une réflexion sur d'éventuelles réparations, en lien avec les conclusions d'une commission d'enquête indépendante.
Contexte et périmètre de la campagne
Entre la fin des années 1960 et 1992, les autorités sanitaires danoises ont mené une politique de pose systématique de stérilets visant à limiter les naissances au Groenland. Sur environ 9 000 femmes en âge d'avoir des enfants, plus de 4 500 femmes inuit auraient reçu un stérilet sans leur consentement ou, pour les mineures, sans le consentement de leurs parents. Plusieurs personnes concernées rapportent des séquelles physiques et psychologiques, et certaines déclarent être devenues stériles après l'intervention.
Dépôt des excuses et déclarations officielles
Le 27 août 2025, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a présenté des excuses au nom de l'État du Danemark, en déclarant notamment : « Nous ne pouvons pas revenir sur ce qui s'est passé, mais nous pouvons accepter nos responsabilités. C'est pourquoi je voudrais, au nom du Danemark, dire : pardon. » Le Premier ministre du Groenland, Jens-Frederik Nielsen, a également présenté des excuses, en soulignant que la pratique s'était partiellement poursuivie après que le Groenland a pris la responsabilité de son système de santé.
Témoignages et mobilisations
Depuis le premier témoignage public largement relayé en 2019, de nombreuses personnes ont partagé leurs expériences. Parmi les témoignages publiés figurent ceux de Naja Lyberth, qui a raconté avoir été conduite chez le médecin avec d'autres élèves et avoir subi l'insertion d'un stérilet à l'adolescence, et d'Henriette Berthelsen, qui a indiqué avoir eu 13 ans lors de la pose d'un stérilet sans consentement.
Des avocats représentent environ 150 plaignantes qui ont engagé des actions contre l'État danois pour violation des droits humains et demandent des réparations. Le représentant légal a salué les excuses mais a indiqué que la reconnaissance d'une responsabilité légale et la proposition de compensations restaient à obtenir.
Procédures d'enquête et compensations
La cheffe du gouvernement danois a indiqué que la question des compensations serait examinée après remise des conclusions d'une commission d'enquête indépendante. Des procédures judiciaires visant l'État danois restent en cours pour près de 150 plaignantes.
En 2022, le gouvernement danois a déjà indemnisé six personnes inuit qui avaient été séparées de leurs familles en 1951 et envoyées au Danemark, pour un montant total supérieur à 200 000 euros ; cette mesure relève d'une problématique distincte mais liée aux relations historiques entre le Danemark et le Groenland.
Enjeux politiques et diplomatiques
Ce dossier s'ajoute à d'autres sujets sensibles affectant les relations entre le Danemark et le Groenland, tels que des adoptions forcées et le placement d'enfants groenlandais au Danemark. Les autorités danoises ont reconnu l'existence de « chapitres sombres » liés à la discrimination systémique envers les Groenlandais et ont présenté des excuses plus larges sur ces manquements.
Des médias ont signalé que des acteurs internationaux se saisissaient de certains contentieux entre le Danemark et le Groenland pour tenter d'accroître leur influence au sein de la région arctique.
Situation actuelle
Les excuses ont été accueillies positivement par des personnes et des représentants des plaignantes, tout en restant jugées insuffisantes tant que la responsabilité juridique et des mécanismes de réparation n'ont pas été formellement établis. Les procédures judiciaires et le travail de la commission d'enquête indépendante doivent préciser l'étendue des responsabilités et les modalités éventuelles de réparation.