Contexte
Un rapport d'ONU Femmes et de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, publié à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, présente des estimations et des analyses relatives aux homicides de femmes et de filles.
Chiffres principaux
Le rapport indique qu'environ 83 000 femmes et filles ont été tuées de manière intentionnelle dans le monde. Parmi ces victimes, 60 % auraient été tuées par un partenaire intime ou un membre de leur famille.
Environ 50 000 femmes et filles sont mortes sous les coups d'un partenaire ou d'un parent proche au cours de l'année considérée, ce qui correspond à une moyenne d'environ 137 décès par jour, soit une victime toutes les dix minutes. Cette estimation repose sur l'analyse de statistiques issues de 117 pays.
Les auteurs du rapport notent que ce chiffre (environ 50 000) est légèrement inférieur à l'estimation précédente (51 100) mais précisent que cette variation ne doit pas être interprétée comme une baisse effective des féminicides, la différence pouvant s'expliquer par la disponibilité et la qualité des données entre pays.
Répartition et contextes des homicides
Selon le rapport, les femmes représentaient 20 % de l'ensemble des victimes d'homicides dans le monde. Parmi les homicides visant des femmes, 60 % ont eu lieu dans la sphère privée (domicile ou relations personnelles), tandis que seulement 11 % des homicides visant des hommes se sont produits dans ce même contexte.
Toutes les régions sont concernées, mais l'Afrique enregistre le plus grand nombre de victimes de féminicides commis par un proche, avec un total d'environ 22 000 personnes selon les estimations rapportées.
Formes de violence et rôle des technologies
Le rapport attire l'attention sur l'évolution et la diversification des formes de violence, y compris via les technologies numériques. Il mentionne la divulgation d'images et de données personnelles, la publication de vidéos manipulées ("deepfakes") et d'autres formes de cyberviolence. Les auteurs indiquent que la violence en ligne peut s'étendre hors ligne et, dans certains cas, contribuer à des violences physiques graves.
Constats et observations des organisations
Les organisations signataires constatent l'absence de progrès substantiels pour réduire le nombre de féminicides et désignent le domicile comme un lieu de risque élevé pour les femmes et les filles en matière d'homicide. Elles soulignent la nécessité d'adopter des cadres juridiques qui reconnaissent les différentes formes de violence, en ligne et hors ligne, et qui permettent de tenir les auteurs responsables avant l'escalade vers des violences mortelles.
Sarah Hendriks, directrice de la division des politiques d'ONU Femmes, est citée rappelant que les féminicides s'inscrivent souvent dans un cycle de violences qui peut débuter par un contrôle coercitif, des menaces et du harcèlement, y compris en ligne, et que la mise en place de protections juridiques est nécessaire pour prévenir les meurtres.
Méthodologie et limites
Les estimations publiées reposent sur l'analyse de données issues d'un ensemble de 117 pays. Le rapport souligne les limites de ces estimations liées à la couverture géographique des données, aux différences de définition et de collecte des statistiques nationales, et à l'absence d'informations comparables pour l'ensemble des pays. Ces limites rendent les comparaisons interannuelles prudentes et peuvent affecter l'interprétation des évolutions observées.
Données à retenir
- Homicides intentionnels de femmes et filles dans le monde : environ 83 000.
- Part des victimes tuées par un partenaire intime ou un membre de la famille : environ 60 %.
- Nombre de femmes et filles tuées par un proche au cours de l'année considérée : environ 50 000 (137 par jour, une toutes les dix minutes).
- Estimation fondée sur des statistiques de 117 pays.
- Région avec le plus grand nombre de victimes de féminicides par un proche : Afrique (environ 22 000).








