Introduction
L'Office du représentant au commerce des États-Unis (USTR) a annoncé en avril l'instauration de frais portuaires ciblant les navires construits en Chine ou détenus et/ou opérés par des entités chinoises. La mesure est entrée en application le mardi suivant l'annonce et vise à générer des recettes destinées à soutenir la relance de la construction navale américaine.
Modalités de tarification
Les frais sont facturés à chaque visite d'un navire aux États-Unis (et non à chaque escale), avec un plafond de cinq visites facturées par navire et par an. Des tarifications spécifiques sont également prévues pour certains navires construits à l'étranger transportant des véhicules ou du gaz naturel liquéfié (GNL), et l'USTR a proposé d'étendre ultérieurement la mesure à certains navires transportant de l'éthane et du gaz de pétrole liquéfié (GPL).
Les niveaux de tarification publiés sont les suivants :
- Navires fabriqués en Chine : 18 dollars par tonne nette ou 120 dollars par conteneur, avec une augmentation de 5 dollars par an pendant les trois années suivantes.
- Navires détenus ou opérés par des entités chinoises mais non fabriqués en Chine : 50 dollars par tonne nette, avec une hausse annuelle de 30 dollars pendant les trois années suivantes.
Objectifs et utilisation des recettes
Les autorités américaines présentent ces frais comme une source de financement destinée à revitaliser la construction navale nationale. L'Alliance des manufacturiers américains a soutenu l'affectation des recettes à un « Fonds pour la sécurité maritime ». Des organisations industrielles ont plaidé en faveur de subventions et d'incitations fiscales pour relancer la production domestique.
Initiatives et enquêtes préalables
En 2024, l'administration précédente avait chargé l'USTR d'une enquête sur les pratiques commerciales de la Chine dans les secteurs de la construction navale, du transport maritime et de la logistique. Cette enquête a été maintenue par l'administration suivante, qui a annoncé la création d'un Bureau de la construction navale rattaché à la Maison Blanche début mars.
Réponse chinoise
Le gouvernement chinois a annoncé des mesures réciproques visant les navires construits aux États-Unis ou liés à des entreprises américaines (propriétaires, affréteurs) accostant dans les ports chinois. Ces droits spéciaux sont fixés à 400 yuans par tonne nette, puis à 640 yuans en avril 2026, avec d'autres augmentations annuelles envisagées.
Contexte industriel et sécurité nationale
Les autorités américaines justifient la démarche par des considérations industrielles et de sécurité nationale, estimant que la dépendance à des chaînes d'approvisionnement étrangères pour la construction navale constitue un risque. Le Shipbuilders Council of America (SCA) a souligné qu'une capacité de construction domestique insuffisante pouvait compromettre la résilience industrielle et la sécurité nationale.
Sur le plan mondial, les parts de marché en construction navale sont estimées à : Chine 50 %, Corée du Sud 26 %, Japon 14 %. Les responsables américains ont évoqué l'intérêt d'investisseurs étrangers et nationaux pour relocaliser des capacités de fabrication aux États-Unis et mentionné des projets d'investissements privés. L'administration a par ailleurs fixé des objectifs de production, évoquant la construction de 250 navires pour la flotte commerciale et une enveloppe destinée aux services maritimes fédéraux, incluant des financements prévus pour la Coast Guard et la Marine américaine.
Incidences opérationnelles
Des représentants de l'industrie rapportent que plusieurs chantiers navals américains ne fonctionnent pas à pleine capacité et que certaines cales sèches sont inutilisées. Les mesures tarifaires et les incitations gouvernementales visent, selon les autorités et des acteurs industriels, à encourager la réactivation de capacités de production et à attirer des investissements dans la construction navale domestique.