Les faits
Le 24 décembre 2024, une série de frappes aériennes menées par l'armée pakistanaise a causé la mort de 46 personnes dans le district de Barmal, situé dans la province de Paktika, à l'est de l'Afghanistan. Ces frappes ont été réalisées à l'aide d'avions et de drones, selon un responsable sécuritaire pakistanais. Les victimes incluent principalement des femmes et des enfants, selon le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid, qui a aussi mentionné six blessés.
Réactions des parties
Le gouvernement taliban considère ces frappes comme une violation flagrante de la souveraineté afghane, déclarant qu'il s'agissait d'une agression claire. Zabihullah Mujahid a affirmé que ces actes ne resteraient pas sans réponse, soulignant un droit inaliénable à la défense territoriale. Le ministère de la Défense afghan a également qualifié ces frappes de "barbares" et a promis de réagir en conséquence.
Du côté pakistanais, les frappes sont présentées comme des actions ciblées contre des "repaires de terroristes", visant spécifiquement des membres du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP). Un responsable pakistanais a rejeté les affirmations selon lesquelles des civils auraient péri, en expliquant que ces opérations répondaient à des attaques précédentes venant du sol afghan, dont celle d’une base militaire ayant coûté la vie à 16 soldats pakistanais.
Contexte et Antécédents
Les tensions frontalières entre l'Afghanistan et le Pakistan ont été exacerbées depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en 2021. Le Pakistan accuse l'Afghanistan de fournir refuge aux groupes militants qui planifient des attaques contre son territoire. En réponse, Kaboul nie ces accusations, affirmant ne pas abriter de groupes armés étrangers. Des rapports de l'ONU indiquent que des milliers de combattants du TTP résident en Afghanistan, bénéficiant du soutien présumé du régime taliban.
Le district de Barmal et ses environs abritent de nombreux réfugiés originaires du Waziristan, région pakistanaise voisine, où des opérations antiterroristes intensives ont été conduites dans le passé. Ces zones tribales ont connu plusieurs frappes depuis mars 2022, accentuant les hostilités entre les deux pays.
Analyse
La situation actuelle met en évidence le cycle vicieux de violence et de méfiance entre le Pakistan et l'Afghanistan, exacerbé par l'existence de groupes militants transfrontaliers. Les différences d’interprétation des frappes - pour l’Afghanistan, une atteinte à sa souveraineté et pour le Pakistan, une légitime défense contre le terrorisme - reflètent un climat régional tendu qui nécessite impérativement des dialogues diplomatiques pour éviter une escalade. L’absence de consensus sur la gestion de ces tensions frontalières demeure une source potentielle de conflits continus.