Annonce et contexte
Le président Donald Trump a annoncé le déploiement de la Garde nationale à Washington afin de « rétablir la loi, l’ordre et la sécurité publique ». Un premier contingent de 800 militaires doit être mobilisé dans la capitale fédérale, que le président décrit comme « envahie par des gangs violents ». La maire de Washington, Muriel Bowser, conteste l’existence d’une hausse de la criminalité. Le président a également indiqué placer le maintien de l’ordre à Washington sous contrôle fédéral et a décrété un état d’urgence. Des renforts d’agents fédéraux sont annoncés en complément des militaires de la Garde nationale.
Statut de Washington et cadre juridique
Washington n’est rattachée à aucun État fédéré et bénéficie d’un statut particulier. La Garde nationale du District de Columbia dépend directement du président des États-Unis, contrairement aux Gardes nationales des États, qui relèvent des gouverneurs. Le Code des États-Unis (titre 10, section 12406) prévoit les cas où le président peut prendre le contrôle direct de la Garde nationale, notamment à la demande d’un gouverneur ou dans certaines situations d’urgence. En juin, l’administration a revendiqué avoir outrepassé l’opposition du gouverneur de Californie pour un déploiement à Los Angeles le 7 juin, présenté comme une première depuis les années 1960.
Composition et effectifs
La Garde nationale est une force de réserve des forces armées américaines. Ses membres ne servent pas à temps plein et exercent en parallèle un emploi civil. Le budget du département de la Défense autorise un plafond d’environ 433 000 membres. Selon les données de la Garde nationale, l’effectif était d’environ 325 000 en 2024, à comparer à près de 1,3 million de militaires d’active.
Missions et domaines d’emploi
La Garde nationale intervient fréquemment lors de catastrophes naturelles pour des opérations d’évacuation, de distribution de secours et de déblaiement. Elle peut être intégrée à des unités d’active pour des opérations extérieures ; des contingents ont servi notamment en Irak et en Afghanistan. Pendant la pandémie de Covid-19, elle a assuré un appui logistique, notamment pour l’installation d’hôpitaux de campagne et le transport de matériel médical.
Le droit américain prévoit aussi son emploi en cas de troubles graves à l’ordre public, d’invasion, de rébellion contre l’autorité fédérale ou lorsque l’application des lois ne peut être assurée par les forces régulières.
Précédents historiques
Lors des manifestations de 2020 liées au mouvement Black Lives Matter, plus de la moitié des États ont mobilisé la Garde nationale pour le maintien de l’ordre et la mise en place de couvre-feux, y compris à Washington. En 1992, elle a été déployée à Los Angeles lors des émeutes consécutives à l’acquittement de policiers poursuivis après les violences contre Rodney King. Dans les années 1950 et 1960, elle a été mobilisée à plusieurs reprises pendant le mouvement des droits civiques, notamment pour sécuriser l’accès des élèves afro-américains aux écoles publiques après l’arrêt de la Cour suprême de 1954 déclarant la ségrégation scolaire inconstitutionnelle.
Déploiements récents et réactions
En juin, la Garde nationale a été déployée à Los Angeles à la suite de manifestations liées à la politique migratoire fédérale. Des militaires d’active avaient également été envoyés en renfort puis retirés fin juillet. À Washington, l’annonce du déploiement s’accompagne de la possibilité évoquée par le président d’étendre des mesures similaires à d’autres grandes villes.
La maire de Washington a qualifié ces mesures d’inédites et a contesté leur nécessité. Selon le département de la Justice, la criminalité violente à Washington a atteint en 2024 son niveau le plus bas depuis plus de trente ans. D’après le rapport annuel du département du Logement, environ 5 600 personnes sans abri ont été recensées à Washington en 2024, plaçant la ville au 15e rang des grandes villes américaines sur ce critère. Des responsables politiques d’opposition ont mis en cause le fondement juridique du projet, tandis que des rassemblements de protestation ont eu lieu près de la Maison-Blanche.
Enjeux et perspectives
Le déploiement à Washington s’inscrit à l’intersection de la sécurité publique, du fédéralisme américain et des pouvoirs exceptionnels de l’exécutif. Les débats portent à la fois sur la proportionnalité des moyens engagés, la base juridique mobilisée et le précédent que pourrait constituer une extension de ces mesures à d’autres grandes villes.








