Introduction
L'utilisation du feu pour l'entretien des pâturages et la défriche constitue un facteur majeur d'incendies en Amazonie brésilienne. Cette pratique, ancrée dans certains modes d'élevage et d'exploitation, se conjugue à des conditions climatiques sèches et à des dynamiques foncières conflictuelles pour produire des feux de grande ampleur.
Contexte et ampleur des incendies
En 2024, des incendies d'une ampleur historique ont affecté l'Amazonie brésilienne, avec près de 18 millions d'hectares consumés. La déforestation a augmenté sur un an jusqu'en juillet 2024 et, pour la première fois, la surface de forêt tropicale touchée par le feu a dépassé celle des pâturages. La majorité des départs de feu a été constatée sur des terres agricoles avant de se propager dans une végétation asséchée.
Pratiques d'utilisation du feu
Le feu est employé pour gérer les pâturages, éliminer la végétation sèche et renouveler les prairies fourragères. Il est perçu comme une option économique par certains éleveurs en raison des coûts de main-d'œuvre et de l'accès limité à des alternatives. Pendant les saisons sèches, des actions minimes — parfois l'emploi d'essence et d'une allumette — suffisent à déclencher des brûlis incontrôlés.
Cas de São Félix do Xingu
La municipalité de São Félix do Xingu, dans l'État du Pará, concentre un cheptel important et de vastes surfaces d'exploitation. Elle a enregistré le plus grand nombre de départs de feu au niveau national, avec plusieurs milliers d'incidents recensés. Des analyses d'images satellitaires montrent que d'importantes portions de propriétés ont été brûlées, avec des impacts directs sur des territoires indigènes voisins et des émissions locales de fumée affectant la qualité de l'air.
Acteurs, litiges fonciers et détermination des responsabilités
Le contexte local se caractérise par des tensions entre petits producteurs et grands groupes agro-industriels. Des litiges fonciers reposent sur des mécanismes tels que l'usucapion (acquisition de la propriété par l'usage prolongé), tandis que certains acteurs affirment que des occupants non autorisés ou des orpailleurs ont provoqué des départs de feu. Des amendes pour infractions environnementales ont été prononcées, mais des contestations juridiques et administratives persistent.
La coexistence d'usages agricoles et non agricoles complique la détermination des responsabilités pour de nombreux incidents.
Impunité, contournements et sécurité des agents
Des interdictions locales sur les brûlis ont été adoptées dans plusieurs États, mais leur application reste incomplète. Des pratiques de contournement existent, comme des alertes communautaires signalant la présence d'agents de contrôle, ce qui entrave les interventions et la constatation des infractions. Des signalements font état de menaces et de pressions exercées sur des agents publics.
Le recouvrement des sanctions financières est également problématique : les amendes ne sont pas toujours effectivement réglées.
Moyens de lutte et surveillance
Les autorités fédérales et locales ont mobilisé des moyens de lutte contre les incendies : brigades spécialisées, véhicules et aéronefs, ainsi que des systèmes de détection par imagerie satellitaire. Des outils d'analyse et de modélisation ont été développés pour localiser les zones touchées, estimer l'étendue des dégâts et orienter les enquêtes.
Toutefois, le renforcement des opérations de contrôle nécessite un accroissement des capacités locales (formation, matériel, infrastructures) pour garantir des interventions rapides et sûres.
Mesures proposées et enjeux de politique publique
Parmi les mesures avancées figurent l'augmentation des capacités de lutte anti-incendie, le renforcement des sanctions et de leur recouvrement, la clarification et la régularisation foncière pour réduire les conflits, ainsi que la diffusion de bonnes pratiques d'utilisation du feu (bandes pare-feu, gestion coordonnée entre voisins, choix des périodes appropriées pour brûler).
Ces mesures visent à limiter les départs incontrôlés et la propagation des feux, réduire les émissions de CO2 liées à la déforestation et protéger les territoires autochtones. Elles nécessitent une coordination entre acteurs locaux, autorités nationales et partenaires internationaux.
Éléments historiques et rendez-vous internationaux
Des politiques publiques antérieures ont montré qu'une surveillance et un contrôle soutenus pouvaient réduire la déforestation. Les incendies de 2024 ont suscité une attention internationale, relançant des débats lors de rencontres climatiques et de forums consacrés à la conservation de l'Amazonie.
Conclusion
La dynamique des incendies en Amazonie brésilienne résulte d'une interaction entre pratiques agricoles, conditions climatiques, conflits fonciers et capacités institutionnelles. Les réponses identifiées combinent renforcement des moyens de lutte, mesures réglementaires, régularisation foncière et promotion de pratiques agricoles moins risquées, afin de réduire les risques et protéger la forêt et les populations qui en dépendent.