Contexte
Le 24 février 2022, une offensive militaire a entraîné des combats et l'occupation de territoires en Ukraine. Plusieurs localités de la région de Kharkiv ont été occupées puis reconquises. Des frappes ont endommagé ou détruit des infrastructures civiles, notamment des établissements éducatifs.
Portraits et situations individuelles
Bohdan Levchykov, adolescent de 15 ans résidant à Balakliia (oblast de Kharkiv), a perdu son père, Stanislav, militaire de carrière, le 30 mars 2022. Il vit avec sa mère, Iryna, diagnostiquée d'un cancer avancé. Après la libération de la ville, Bohdan a constaté l'absence de nombreux jeunes habitants et la fermeture de commerces. Des espaces de loisirs avaient été minés puis déminés ; des rumeurs persistent quant à la sécurité de ces sites.
D'autres témoignages décrivent des trajectoires variées : Yevenhelina Tuturiko, 14 ans, suit désormais des cours dans une école aménagée sous terre ; Kostiantyn Kosik, 18 ans, originaire de la région de Donetsk et ayant vécu les combats d'Avdiivka, étudie le droit à l'université d'Irpin ; Illia Issaiev, 18 ans, a participé à des formations au maniement de drones.
Éducation et infrastructures scolaires
La fréquentation scolaire a été fortement perturbée. Selon le ministère de l'Éducation, près d'un million de jeunes ukrainiens suivent des cours en ligne, dont environ 300 000 exclusivement à distance. La région de Kharkiv figure parmi les plus touchées, avec 843 établissements éducatifs endommagés sur un total national de 4 358, selon un relevé gouvernemental.
Des dispositifs d'enseignement et d'accueil adaptés ont été mis en place. À Kharkiv, des écoles souterraines ont été aménagées pour permettre un retour partiel en présentiel dans des structures protégées. L'une d'elles, construite en neuf mois et conçue selon des normes d'abri antiradiation, peut accueillir environ 1 400 élèves, alternant demi-journées en classe et cours à domicile. Le ministère mentionne l'existence de 96 établissements souterrains et la construction de 211 bunkers scolaires.
Santé mentale et dispositifs de prise en charge
Plusieurs enquêtes indiquent des effets psychologiques chez les jeunes. Une enquête coordonnée par l'Organisation mondiale de la santé auprès d'environ 24 000 jeunes de 11 à 17 ans fin 2023 relève une baisse de la proportion de jeunes se déclarant heureux tout en soulignant certaines capacités d'adaptation. Une étude conjointe d'un programme ukrainien de santé mentale et de l'UNICEF note que, pour un certain nombre d'enfants, la guerre est devenue une composante du quotidien et identifie les examens scolaires et les alertes antiaériennes comme sources de stress.
Sur le terrain, des psychologues et des ONG proposent des ateliers et des consultations. Des professionnels rapportent des manifestations de peur et d'anxiété, des conduites d'automutilation et des idées suicidaires chez certains adolescents. Les autorités sanitaires signalent un déficit de psychologues et indiquent avoir formé 130 000 professionnels de première ligne (infirmiers, pédiatres, médecins de famille) à des interventions en santé mentale.
Loisirs, sport et activités encadrées
Les activités de loisirs et sportives ont été adaptées aux contraintes de sécurité. Certaines infrastructures ont rouvert après avoir été fermées en raison de frappes ; la grande piscine de Kharkiv, fermée après des frappes en mars 2022, aurait rouvert en mai 2024. Les compétitions officielles restent restreintes dans les zones exposées, mais des clubs et entraîneurs poursuivent des entraînements pour mineurs hors des cadres officiels. Des initiatives cherchent à maintenir des activités physiques et des espaces de rééducation pour personnes blessées.
Déplacements internes et conditions de vie
Des millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays. Les familles déplacées vivent dans des conditions variables, souvent précaires, avec des logements loués parfois dépourvus d'équipements suffisants. Des travaux de réparation et des actions de volontaires interviennent régulièrement pour rétablir des services et réparer des dégâts causés par des frappes nocturnes, des drones et des missiles.
Incidents récents et risques
Des frappes continuent d'affecter des zones habitées. L'article mentionne des frappes à Balakliia ayant provoqué des morts et des blessés en novembre, à proximité d'habitations encore occupées.
Citations et déclarations
Le ministre des Affaires sociales a déclaré que malgré les pertes et les déplacements, les enfants continuent de vivre et de rêver. Des responsables locaux, des éducateurs et des psychologues rapportent des efforts pour maintenir des activités éducatives, sportives et des prises en charge psychologique malgré des moyens limités.
Observations finales
Les sources citées dans le reportage montrent des perturbations durables des parcours scolaires, des impacts sur la santé mentale des jeunes et des réponses locales combinant enseignement en ligne, structures souterraines et actions d'organisations civiles pour répondre aux besoins des enfants et des adolescents.








