Contexte
Fin octobre 2025, la ville d'El-Fasher, dans la région du Darfour (ouest du Soudan), a été reprise par les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire dirigé par le général Mohamed Daglo, après un siège d'environ 18 mois contre des forces loyales à l'armée commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane. La prise de la ville a été suivie de déplacements massifs de population et d'accusations d'exactions.
Rapports sur la maternité
Le 29 octobre 2025, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré avoir reçu des informations faisant état du meurtre de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité d'El-Fasher. L'OMS a appelé à un cessez-le-feu local et demandé la protection des patients, du personnel et des structures de santé conformément au droit international humanitaire.
Des militants pro-démocratie et des organisations humanitaires ont également allégué que des personnes blessées admises dans l'hôpital contenant la maternité avaient été tuées pendant les attaques. Ces allégations n'ont pas été vérifiées de manière indépendante en raison des restrictions d'accès et des coupures de communication sur place.
Autres incidents signalés et bilans humanitaires
Plusieurs rapports ont fait état d'autres violences et pertes humaines : la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a indiqué que cinq bénévoles soudanais du Croissant-Rouge ont été tués à Bara, dans le Kordofan-Nord. Des responsables ont affirmé que plus de 2 000 civils avaient été tués lors de la reprise d'El-Fasher et ont dénoncé des attaques visant des mosquées et des équipes humanitaires.
L'ONU a signalé des mouvements de population importants : plus de 33 000 personnes ont fui les violences autour d'El-Fasher, principalement vers la périphérie de la ville et vers Tawila, située à une soixantaine de kilomètres à l'ouest. Tawila était déjà un site d'accueil important, abritant des centaines de milliers de personnes déplacées internes.
Analyses d'images satellite et communications
Le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale a publié une analyse d'images satellite indiquant des éléments concordants montrant des exécutions dans les 48 heures suivant la prise d'El-Fasher, notamment à proximité de deux hôpitaux et le long de fortifications à l'est de la ville. Les communications civiles par satellite ont été largement interrompues selon plusieurs sources, ce qui limite la vérification indépendante des événements.
Réactions des autorités et de la communauté internationale
L'OMS a appelé à l'arrêt des attaques contre les structures de santé et a rappelé ses comptes selon lesquels 185 attaques contre des structures de santé ont été rapportées depuis avril 2023, faisant au total 1 204 morts et 416 blessés, dont 49 attaques au cours de l'année en cours. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a averti du risque d'atrocités motivées par des considérations ethniques, en rappelant le passé du Darfour au début des années 2000. L'Union européenne et d'autres États ont exprimé leur préoccupation.
Les autorités à Port-Soudan ont annoncé l'expulsion de deux responsables du Programme alimentaire mondial (PAM), décision dénoncée par l'organisation, qui affirme avoir cherché à entrer en contact avec les autorités pour maintenir l'assistance humanitaire.
Négociations et implications politiques
La dynamique des combats a renforcé le contrôle des FSR sur une grande partie de l'ouest du Soudan, y compris le Darfour, tandis que l'armée conserve des positions dans d'autres régions du pays. Les affrontements accroissent les craintes de fragmentation territoriale et de violences à dimension ethnique. Les pourparlers internationaux visant une trêve sont restés difficiles, selon plusieurs sources.
État des informations et accès
Les confirmations indépendantes sur le terrain restent limitées en raison des conditions de sécurité et des coupures de communication. Les chiffres et allégations présentés ici sont attribués aux organisations qui les ont communiqués. Des enquêtes supplémentaires et l'ouverture de corridors humanitaires sont demandées par plusieurs acteurs pour permettre des vérifications et l'acheminement de l'aide.








