Résumé
Le gouvernement espagnol a annoncé l'interdiction d'entrée sur son territoire de deux ministres israéliens, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, et leur inscription sur une liste officielle de personnes sanctionnées. Cette décision a été présentée comme une des mesures destinées à exercer une pression sur Israël dans le contexte du conflit à Gaza.
Décision espagnole et mesures associées
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a annoncé l'inclusion d'Itamar Ben-Gvir et de Bezalel Smotrich dans une liste officielle de personnes sanctionnées, qui les empêche d'entrer en Espagne. Le gouvernement a indiqué que la liste restait ouverte et que d'autres personnes pouvaient y être ajoutées.
Le chef du gouvernement, Pedro Sánchez, avait présenté, quelques heures plus tôt, un ensemble de mesures qu'il a décrites comme visant à « mettre un terme au génocide à Gaza ». Parmi les mesures annoncées figurent:
- l'interdiction d'accoster dans les ports espagnols des navires transportant du carburant destiné à l'armée israélienne;
- l'adoption d'une loi visant à encadrer juridiquement l'embargo sur les ventes d'armes à Israël;
- l'interdiction d'entrée en Espagne des personnes qualifiées par Madrid de « participant[e]s directement au génocide »;
- l'interdiction d'importation de produits en provenance des colonies considérées illégales en Cisjordanie et à Gaza;
- la limitation des services consulaires espagnols pour les personnes résidant dans ces colonies;
- une augmentation de la contribution espagnole à l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), chiffrée à 10 millions d'euros par le gouvernement.
Le gouvernement a précisé que ces mesures seraient mises en œuvre immédiatement.
Réactions d'Israël et mesures réciproques
Le gouvernement israélien a répondu en interdisant l'entrée en Israël de deux ministres espagnoles: Yolanda Díaz (vice-présidente et ministre du Travail) et Sira Rego (ministre de la Jeunesse et de l'Enfance), membres de la plateforme Sumar. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a critiqué publiquement les annonces espagnoles, les qualifiant de campagne « anti-israélienne et antisémite » et faisant référence à des affaires judiciaires en Espagne.
En réaction aux mesures israéliennes, Madrid a rappelé son ambassadrice à Tel Aviv pour consultations. Le gouvernement espagnol a déclaré qu'il ne se laisserait pas intimider dans sa défense du droit international et des droits humains.
Contexte et antécédents
Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich avaient déjà fait l'objet de restrictions d'entrée dans plusieurs pays européens et anglophones, dont les Pays-Bas et la Slovénie, ainsi que des sanctions de la part de pays comme l'Australie, le Canada, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et la Norvège, selon les annonces publiques.
Les mesures prises par Madrid s'inscrivent dans un contexte de tensions diplomatiques accrues liées à l'offensive israélienne à Gaza déclenchée après l'attaque du Hamas du 7 octobre. En Espagne, la cause palestinienne suscite des manifestations récurrentes, en particulier parmi les forces politiques de gauche, et des rassemblements pro-palestiniens ont perturbé récemment des événements publics, dont l'épreuve cycliste La Vuelta.
Bilan humain cité par les autorités
Les communiqués et comptes rendus publics citent des bilans de victimes fournis par différentes sources: un décompte de l'AFP basé sur des données officielles indique que l'attaque du Hamas du 7 octobre a fait 1 219 morts en Israël, majoritairement des civils. Le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, dénombre au moins 64 300 morts à Gaza, dont une majorité de femmes et d'enfants; ces chiffres sont mentionnés dans les communiqués et sont considérés comme fiables par certaines agences internationales.
Effets attendus et perspectives
Le gouvernement espagnol a déclaré que ces mesures visaient à accroître la pression diplomatique sur Israël, tout en reconnaissant qu'elles ne garantiraient pas l'arrêt immédiat des opérations militaires. Les annonces ont entraîné des réactions diplomatiques immédiates et un rappel de l'ambassadrice espagnole pour consultations. La situation reste susceptible d'évoluer en fonction de nouvelles décisions des gouvernements concernés et des réactions internationales.