Contexte
Sur TikTok, un grand nombre de comptes se présentent comme des sources d'information et publient des vidéos contenant des éléments inexactes ou inventées. Ces contenus associent souvent images d'illustration, textes incrustés et voix off générées par l'intelligence artificielle. Les sujets récurrents comprennent des faits divers, des annonces liées au pouvoir d'achat et des rumeurs de mesures réglementaires, qui sont particulièrement propices à la viralité.
Méthodes et formats
Les créateurs privilégient des formats courts optimisés pour l'engagement : voix off synthétique, textes sur image, extraits d'actualité montés et, dans certains cas, deepfakes. Ces procédés visent à susciter réactions, partages et commentaires, indicateurs d'engagement qui augmentent la visibilité des vidéos et favorisent la monétisation.
Témoignages d'auteurs de contenus
Plusieurs personnes interrogées présentent leurs activités comme une source de revenus. Un créateur se dit actif sur deux ou trois comptes et affirme consacrer environ six heures par jour à la publication ; il indique percevoir entre 1 500 et 4 500 euros bruts par mois pour des contenus mêlant informations réelles et récits inventés. Un autre auteur évoque la monétisation obtenue après la diffusion d'un deepfake, qui lui aurait rapporté 60 euros avant la suppression du compte par la plateforme. Un troisième explique contourner des restrictions géographiques en publiant via le compte d'un ami résidant dans un pays éligible ; il rapporte avoir financé une opération médicale grâce aux revenus générés.
Monétisation et règles de la plateforme
Les vidéos peuvent générer des revenus via des dispositifs de monétisation proposés par TikTok. Le programme mentionné dans les témoignages requiert un seuil minimal d'abonnés (10 000), un nombre de vues cumulé sur 30 jours (100 000) et une durée minimale des vidéos. La plateforme affirme agir contre la désinformation, intentionnelle ou non, et indique pouvoir sanctionner les comptes enfreignant ses règles.
Enjeux et conséquences
Les spécialistes du fact-checking et des médias soulignent que ces pratiques peuvent affaiblir la confiance du public envers les institutions et le système politique, notamment lorsqu'elles présentent des mesures fictives ou des informations erronées. Les thèmes liés au coût de la vie sont particulièrement susceptibles de provoquer une réaction émotionnelle des audiences, favorisant la diffusion rapide de contenus inexacts.
Vérification et modération
Des organisations de vérification de l'information sont rémunérées par la plateforme dans certains pays pour analyser des vidéos potentiellement trompeuses. TikTok peut supprimer des contenus ou suspendre des comptes identifiés comme contraires à ses règles de monétisation et de désinformation. Selon la plateforme, les actions de modération sont déclenchées lorsque les contenus causent un préjudice important ou enfreignent explicitement ses conditions.
Conclusion
La multiplication des comptes se présentant comme médias sur TikTok illustre les défis posés par la convergence entre technologies de synthèse (voix, images, deepfakes) et modèles de monétisation fondés sur l'engagement. Face à ce phénomène, la coopération entre plateformes, vérificateurs et autorités reste essentielle pour limiter les préjudices et préserver la confiance publique.








