Contexte Général
Francfort-sur-le-Main, une métropole financière d'Allemagne, se retrouve au centre d'une controverse avec sa décision de créer une nouvelle salle de consommation de crack dans le quartier de la gare, également connu sous le nom de "Bahnhofsviertel". Cette mesure sanitaire vise à améliorer la gestion des risques liés à la consommation de drogues, mais soulève des débats parmi les résidents, les élus et les hommes d'affaires de la ville.
Situation Actuelle
Le quartier de la gare, malgré sa proximité avec les gratte-ciel symboliques de l'économie allemande, souffre de précarité et d'une forte présence de drogues comme l'héroïne, la méthadone et le crack, consommées souvent en plein air. Cette situation pousse les visiteurs à prendre des taxis pour éviter de traverser des rues bordées de sex-shops et de salles de jeux où se trouvent de nombreux consommateurs.
Francfort, également surnommée "Mainhattan" à cause de sa skyline distinctive, est depuis 1996 une pionnière de la réduction des risques, ayant ouvert les premières salles de consommation supervisée en Allemagne. Actuellement, trois centres offrent des espaces sécurisés pour la consommation, avec des services de conseils médicaux et sociaux.
Débat sur la Nouvelle Salle
La proposition d'ajouter une salle supplémentaire pour 50 utilisateurs de crack divise. Christian Rupp, porte-parole pour les affaires sociales, défend cette mesure en affirmant qu'elle sauve des vies en évitant la criminalisation. Le nombre de décès par overdose a significativement diminué, passant de 147 en 1991 à 20 en 2023, sans aucun incident dans ces centres.
Cependant, l'ouverture de ces structures préoccupe certains résidents et membres du gouvernement. Des critiques, tels que Boris Rhein, chef du gouvernement régional de Hesse, estiment que cela attire des consommateurs et des dealers de l'extérieur, transformant ainsi Francfort en un "aimant pour le tourisme de la drogue". Frank Lottermann, entrepreneur local, exprime également son mécontentement, décrivant le quartier comme "à la dérive", envahi par de la saleté et des consommateurs de drogue.
Approches Alternatives et Opinion Publique
Certaines propositions suggèrent de suivre l'exemple de la Suisse, où les centres de consommation de drogues sont situés en périphérie, parfois avec tolérance envers les petits dealers. Néanmoins, les autorités sanitaires préfèrent maintenir ces salles dans le centre-ville pour être facilement accessibles aux usagers souvent physiquement affaiblis. Ces discussions mettent en lumière le besoin de dialogues continus avec les riverains pour gérer les nuisances perçues.
Témoignages et Perspectives
Des acteurs sur le terrain, comme Wolfgang Barth, un travailleur social d'expérience, et Stirpan Bileškovic, un sans-abri, soulignent l'importance de trouver un compromis. Barth, en particulier, défend l'implantation dans le "Bahnhofsviertel", où il juge les besoins urgents.
La question de compatibilité entre besoins sanitaires et maintien de l'ordre public à Francfort reste donc en débat, nécessitant un équilibre délicat entre politique sociale et réponses sécuritaires.