Contexte de l'intervention

Le pape Léon XIV s'est exprimé le 9 octobre 2025 lors d'une audience au Vatican avec les membres de la conférence Minds International, une association regroupant des agences de presse. Il a salué le travail des agences de presse et les a présentées comme un "rempart" contre la désinformation, en particulier dans un contexte de diffusion accrue de contenus générés par l'intelligence artificielle (IA). Le pape, premier pape américain et successeur du pape François élu en mai 2025, était âgé de 70 ans au moment de cette allocution.

Contenu de l'allocution

Le pape a insisté sur la nécessité d'informations "libres, rigoureuses et objectives". Il a déclaré que le travail patient et rigoureux des agences pouvait constituer un rempart contre ceux qui cherchent, par la diffusion de mensonges, à provoquer des divisions et des conflits. Il a également interrogé la gouvernance des algorithmes, soulignant que ces derniers génèrent aujourd'hui du contenu à grande échelle et posent des questions de contrôle et de responsabilité.

Intelligence artificielle et gouvernance

Dans son discours, Léon XIV a relié la prolifération des fausses informations à l'usage croissant de l'intelligence artificielle. Il a appelé à la vigilance afin que l'information et les algorithmes qui la gouvernent ne soient pas concentrés entre les mains d'un petit nombre d'acteurs. Depuis son élection, il a à plusieurs reprises souligné les défis posés par le développement de l'IA et a demandé des cadres juridiques centrés sur la dignité humaine, considérant l'IA comme un outil et non comme une fin en soi.

Vérification des faits et pratiques des plateformes

Des dispositifs de vérification des faits existent dans plusieurs régions. L'AFP participe, selon les informations disponibles, à un programme de fact-checking développé par Facebook dans plus de 26 langues et rémunérant une centaine de médias à travers le monde. Certaines plateformes ont cependant modifié leurs pratiques : la direction de Meta a annoncé en janvier la fin d'un programme de vérification des faits par des journalistes aux États-Unis. Des enquêtes publiées en juin ont signalé une augmentation du volume de contenus nocifs, y compris haineux, sur certaines plateformes depuis cette décision. Par ailleurs, un rapport sur l'état de la démocratie publié début septembre a constaté une dégradation de la liberté de la presse dans le monde au cours des cinq dernières années.

Sécurité et liberté des journalistes

Le pape a réitéré son appel pour la libération des journalistes qu'il a qualifiés d'"injustement persécutés et emprisonnés" pour avoir exercé leur métier. Il a affirmé que l'exercice du journalisme ne devait pas être considéré comme un crime et a demandé qu'on n'oublie pas les journalistes tués en mission. Selon le Comité pour la protection des journalistes et Reporters sans frontières, environ 200 journalistes ont été tués dans la Bande de Gaza depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, et 22 journalistes ont été tués en Ukraine depuis l'invasion de la Russie en février 2022.

Réactions et enjeux

Reporters sans frontières a estimé que le pape avait posé les enjeux de gouvernance des algorithmes en termes clairs et a rappelé que la libre diffusion du travail journalistique ne devrait subir aucune entrave de la part des grandes plateformes. Les prises de position abordent des questions de gouvernance technologique, de protection des sources et des journalistes, ainsi que d'accès à une information vérifiée dans un contexte de mutation des pratiques de diffusion de l'information.