Introduction
En 2024, près de 6 millions de Français se trouvent sans médecin traitant, une situation alarmante qui reflète l'ampleur des déserts médicaux en France. Pour remédier à ce problème, le gouvernement a introduit un "pacte de lutte contre les déserts médicaux", annoncé par le Premier ministre François Bayrou lors d'un déplacement dans le Cantal. Le plan vise à améliorer l'accès aux soins dans les zones sous-médicalisées par diverses initiatives, centrées principalement autour de la mobilisation des médecins dans ces territoires prioritaires.
Mesure principale : Deux jours de consultation obligatoires
La mesure phare de ce plan impose aux médecins jusqu'à deux jours de consultations par mois dans les zones dites prioritaires, également appelées "zones rouges". Ces zones sont critiquement sous-dotées en soins médicaux, et le gouvernement souhaite y redéployer les ressources existantes. Les médecins pourront toutefois se faire remplacer dans leur cabinet principal durant ces jours.
Soutien et contraintes financières
Pour encourager la participation volontaire, le gouvernement a prévu des contreparties financières pour les médecins coopérants. À contrario, des pénalités seront appliquées aux médecins qui refuseraient de se plier à cette nouvelle obligation. Ce principe de solidarité cherche à éviter la "fin de la liberté d'installation" des médecins, une mesure proposée par loi mais impopulaire auprès du corps médical.
Réactions et tensions
L'annonce de ces mesures a été reçue avec réticence par certaines organisations de médecins, qui craignent que cette approche coercitive ne nuise à l'attractivité de la médecine libérale et ajoutent une pression supplémentaire sur les médecins déjà surchargés. Des mouvements de grève et des manifestations ont été programmés, soulignant l'importance cruciale de ces enjeux pour la profession.
Axes complémentaires du plan
Outre l'obligation de consultation, le pacte présente trois autres axes principaux :
Formation et recrutement
L'objectif est de faciliter l'accès aux études de santé pour les jeunes, notamment en provenance des territoires ruraux ou moins favorisés. Un accent est mis sur l'ouverture de nouvelles voies d'accès aux études médicales, y compris l'instauration de stages obligatoires dans les territoires sous-denses pour les étudiants en médecine. Le gouvernement prévoit également de multiplier les campus connectés afin de pallier le manque d'infrastructure éducative médicale.
Décentralisation des actes médicaux
Le gouvernement prévoit d'attribuer de nouveaux actes médicaux à d'autres professionnels de santé pour alléger la charge des médecins. Des actes mineurs pourront être réalisés par des pharmaciens ou des podologues, entre autres, pour traiter par exemple des rhinites allergiques ou retirer des verrues.
Identification des zones rouges
Les agences régionales de santé (ARS) sont chargées, en collaboration avec les préfets et élus locaux, de cartographier les zones prioritaires, dites "zones rouges". Ce travail est essentiel pour déterminer efficacement où concentrer les efforts dans l'amélioration de l'accès aux soins.
Conclusion
Le pacte de lutte contre les déserts médicaux entreprend de vastes réformes visant à rééquilibrer la répartition des services de santé en France, bien qu'il soulève également des tensions et des critiques. En cherchant un équilibre entre incitation et contrainte, le gouvernement espère promouvoir une approche collective à la résolution d'un problème de longue date. L'évolution de ces mesures dépendra fortement de la coopération des praticiens et de l'efficacité des nouvelles politiques mises en place.