Introduction
Pour la première fois depuis 1945, la France a enregistré un solde naturel négatif : le nombre de décès a dépassé celui des naissances sur une période de douze mois, selon les données publiées par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).
Données démographiques récentes
Entre le 1er juin 2024 et le 31 mai 2025, 651 000 à 651 200 décès ont été dénombrés, contre 650 000 à 650 400 naissances, induisant un solde naturel négatif d’environ 1 000 personnes sur cette période. C'est la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale que le bilan naturel annuel de la population française est en déficit, alors qu’il restait positif depuis 1945.
Accélération du changement démographique
Cette évolution, anticipée initialement par l’INSEE pour l’année 2035, s’est produite environ dix ans plus tôt que prévu, témoignant d’une accélération marquée des dynamiques démographiques, notamment la baisse de la fécondité. Jusqu’à récemment, ce solde négatif concernait principalement la France métropolitaine mais il touche désormais l’ensemble du territoire, y compris les régions d’Outre-mer.
Évolution des taux de fécondité et facteur vieillissement
La fécondité est en baisse continue. En 2010, l’indicateur conjoncturel de fécondité était proche de 2,02 enfants par femme ; il s’établissait à 1,62 en 2024 et sa diminution se poursuit. Parallèlement, l’âge moyen à la première maternité a reculé, atteignant 29,1 ans en 2023, contre 24 ans en 1974, en lien avec des évolutions sociales, économiques, allongement des études et retards des projets familiaux. L’âge moyen au deuxième enfant progresse également, de même que les délais entre chaque naissance, bien que ces derniers évoluent plus lentement.
La hausse du nombre de décès résulte principalement du vieillissement des baby-boomers, nés entre 1946 et le début des années 1970, qui atteignent des tranches d’âge où les taux de mortalité sont élevés. En parallèle, la mortalité annuelle moyenne augmente, en raison du vieillissement global de la population.
Comparaison internationale et conséquences
Ce phénomène diminue l’écart qui distinguait jusqu’à présent la France d’une majorité de pays européens, déjà confrontés depuis plusieurs années à un solde naturel négatif. L’ancienne spécificité française, caractérisée par un taux de natalité relativement élevé en Europe, tend à s’estomper.
La diminution du solde naturel est susceptible d’avoir des conséquences sur les grands équilibres sociaux, en particulier les systèmes de retraite et de solidarité, actuellement largement financés par la population active.
Perspectives et facteurs compensatoires
Malgré ce solde naturel déficitaire, la population française ne diminue pas encore, dans la mesure où le solde migratoire reste positif et compense à ce stade la baisse du solde naturel. Les projections de l’INSEE estiment que la population totale pourrait encore croître légèrement dans les prochaines années, pour atteindre un plateau avant un reflux attendu vers 2070.
Conclusion
La France connaît un tournant démographique marqué par la conjugaison du vieillissement de la population et de la baisse de la fécondité. Cette évolution, désormais similaire à la tendance européenne, interroge la durabilité des équilibres sociaux, économiques et démographiques du pays et engage une réflexion sur les politiques publiques pour y répondre.