Contexte
De retour d'une visite d'État en Chine, le président de la République a exposé, dans un entretien publié dans Les Échos, la possibilité pour l'Union européenne d'instaurer des droits de douane sur les produits chinois si Pékin ne prenait pas de mesures visant à réduire le déséquilibre commercial.
Déclarations principales
Le chef de l'État a déclaré : « Je leur ai dit que, s'ils ne réagissaient pas, nous, Européens, serions contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes (...) à l'instar des États‑Unis, comme par exemple des droits de douane sur les produits chinois. » Il a également estimé que la situation constituait « une question de vie ou de mort pour l'industrie européenne ».
Il a évoqué la difficulté d'obtenir une position commune au sein de l'UE, en soulignant que certains États, notamment l'Allemagne, n'étaient « pas encore totalement sur notre ligne ». Il a indiqué avoir abordé la question au niveau européen, notamment avec la présidence de la Commission.
Éléments économiques cités
Le président a évoqué l'ampleur du déficit commercial entre l'Union européenne et la Chine, en rappelant que le Vieux Continent avait enregistré un déséquilibre commercial important vis‑à‑vis de la Chine l'année précédente. Il a aussi fait référence aux mesures américaines en matière de tarifs douaniers, en précisant que Washington imposait des tarifs élevés sur certains produits chinois, tarifs qui avaient été réduits de 57 % à 47 % dans le cadre d'un accord récent.
Secteurs identifiés comme vulnérables
Il a cité une dizaine de secteurs jugés sensibles face à la concurrence chinoise : les batteries, le raffinage du lithium, l'éolien, le photovoltaïque, les véhicules électriques, les pompes à chaleur, l'électronique grand public, les technologies de recyclage, la robotique industrielle et les composants avancés.
Position sur les investissements chinois
Le président a indiqué que l'Europe devait accepter davantage d'investissements chinois pour contribuer au rééquilibrage commercial, à condition que ces investissements ne soient pas « prédateurs » — c'est‑à‑dire visant l'hégémonie ou la création de dépendances. Il a demandé que les entreprises chinoises s'implantent sur le sol européen si elles souhaitaient éviter une hausse des droits de douane.
Propositions et options politiques
Parmi les axes évoqués pour répondre à la situation, le président a proposé :
- d'envisager des mesures de protection commerciale, y compris des droits de douane, si aucun engagement n'était obtenu ;
- le « démantèlement mutuel » de politiques jugées agressives, en citant en exemple des restrictions à l'exportation de machines pour semi‑conducteurs côté européen et des limitations à l'exportation de terres rares côté chinois ;
- la protection des secteurs les plus vulnérables ;
- le renforcement de la compétitivité européenne par la simplification et l'approfondissement du marché unique, des investissements dans l'innovation, l'achèvement de l'union douanière et une politique monétaire ajustée.
Observations sur la coordination européenne
Le président a souligné les contraintes politiques liées à la recherche d'une réponse commune au sein de l'UE, en raison d'intérêts nationaux divergents. Il a appelé les pays européens à resserrer leur coopération commerciale et douanière pour mieux protéger les chaînes de production et les secteurs industriels jugés stratégiques.
Conclusion
Le président a présenté l'option de mesures commerciales punitives comme une possibilité activable à court terme en l'absence d'engagements de la part de la Chine, tout en défendant simultanément l'accueil d'investissements conditionnés et des initiatives visant à renforcer la compétitivité et l'intégration du marché européen.








