Résumé
Un rapport d'Addictions France analyse les pratiques de marketing des opérateurs de paris sportifs en ligne et formule des propositions visant à renforcer la protection des jeunes. L'association a étudié des contenus diffusés sur les réseaux sociaux et plateformes en ligne, et identifie des stratégies de promotion ciblant prioritairement des publics jeunes et des habitants de quartiers populaires.
Méthodologie
Addictions France indique avoir analysé, entre mars 2023 et mars 2025, environ 3 000 contenus (publications, stories, vidéos, lives) diffusés sur des réseaux sociaux (TikTok, Instagram, Snapchat) et des plateformes en ligne (YouTube, Kick, Twitch). Ce travail a été financé par le Fonds de lutte contre les addictions.
Constatations principales
Les opérateurs de paris sportifs ont multiplié publicités, offres promotionnelles et notifications d'application pour attirer et fidéliser les utilisateurs. Parmi les opérateurs cités figurent Parions Sport, Winamax, PMU Sports, Betclic et VBET.
L'année 2024, marquée par des événements sportifs internationaux (Euro de football, Jeux olympiques de Paris), a été identifiée comme une période d'intensification des investissements publicitaires ; le montant d'investissement évoqué est de 670 millions d'euros.
Selon l'association, ces campagnes mobilisent des ressorts psychologiques tels que la promesse d'un enrichissement rapide et la valorisation sociale de la prise de risque.
Les contenus analysés ciblent en priorité les jeunes hommes et les habitants des quartiers populaires. Les chiffres cités dans le rapport indiquent que 20 % des garçons de 17 ans ont parié au cours de l'année, contre 2,7 % des filles.
Données épidémiologiques et économiques citées
L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) est mobilisé pour estimer l'ampleur du phénomène : environ 1,2 million de joueurs « problématiques » pour les paris sportifs, et 360 000 joueurs en pratique jugée excessive (5,6 %).
Le rapport mentionne que 63 % du produit brut des jeux (PBJ) des paris sportifs proviendrait, selon l'OFDT, de joueurs en situation d'addiction ou de perte de contrôle.
Respect des règles et rôle du régulateur
Addictions France indique que plus de 80 % des contenus produits par des influenceurs n'affichent pas, ou pas correctement, le message sanitaire requis sur les risques d'addiction.
L'association estime que 47 % des publications d'influenceurs en partenariat avec un opérateur ne respectent pas les préconisations de l'Autorité nationale des jeux (ANJ).
Le rapport note que l'ANJ a interdit une campagne publicitaire identifiée (Winamax, campagne intitulée « Tout pour la daronne ») qu'elle jugeait non conforme, et qu'elle exerce désormais un contrôle a priori sur certaines publicités. Addictions France juge cependant que les moyens de contrôle de l'ANJ restent insuffisants face à l'ampleur des pratiques promotionnelles.
Recommandations d'Addictions France
L'association propose plusieurs mesures visant à restreindre les pratiques marketing des opérateurs de paris sportifs :
- Encadrement strict du contenu des publicités, incluant l'interdiction des messages valorisant les paris comme moyen d'ascension sociale ;
- Interdiction des partenariats rémunérés avec les influenceurs pour la promotion des paris ;
- Suppression ou limitation des offres promotionnelles et des gratifications financières (par exemple les « free bets ») ;
- Limitation ou suppression des notifications push et autres sollicitations directes incitant à rejouer ;
- Renforcement des moyens de contrôle et de sanction de l'ANJ, y compris le recours à des sanctions pénales selon le rapport.
Observations contextuelles
Le rapport met en relation la diffusion intensive de messages publicitaires avec les évolutions technologiques et d'usage (réseaux sociaux, formats courts, partenariats avec créateurs de contenu) et souligne la difficulté de contrôler ces diffusions, en particulier pour des publics exposés dès l'adolescence.
Des intervenants cités dans les documents consultés notent que l'exposition précoce aux marques et au discours commercial peut normaliser le jeu d'argent chez des personnes qui n'ont pas l'âge légal pour parier.
Limites et sources
Le présent texte reprend des éléments présentés par Addictions France et des données publiées par l'OFDT. Le rapport d'Addictions France repose sur le corpus de contenus analysé sur la période indiquée ainsi que sur des entretiens et observations mentionnés par l'association. Les chiffres et constats proviennent des sources citées dans le rapport.
Conclusion
Addictions France formule des propositions pour renforcer la régulation du marketing des paris sportifs, afin de limiter l'exposition des jeunes et des populations vulnérables. Le rapport appelle également à un accroissement des moyens de contrôle et de sanction des autorités compétentes pour assurer la conformité des pratiques publicitaires aux règles en vigueur.








