Publication et objet des études
Le 19 novembre 2025, une série de trois études a été publiée dans la revue The Lancet. Ces travaux visent à dresser un état des connaissances sur la consommation d'aliments dits « ultra-transformés », leurs effets possibles sur la santé et les stratégies des acteurs de l'industrie agroalimentaire.
Définition et classification (système NOVA)
Les études s'appuient en grande partie sur la classification dite NOVA, développée par l'épidémiologiste Carlos Monteiro, qui distingue les aliments selon le degré et le type de transformation industrielle. Cette classification inclut des catégories allant des aliments peu transformés aux aliments ultra-transformés, ces derniers résultant de procédés industriels complexes et de la recombinaison d'ingrédients.
Principaux résultats
Associations sanitaires : une méta-analyse et une synthèse de la littérature compilant près d'une centaine d'études concluent que la consommation d'aliments ultra-transformés est associée à plusieurs indicateurs de santé défavorables, notamment une augmentation du risque d'obésité, de diabète de type 2 et d'une mortalité prématurée. Les auteurs présentent ces associations sur la base des données disponibles, sans en assurer la causalité formelle.
Poids de la consommation : l'une des études rapporte que, dans certains pays à revenus élevés, la part calorique apportée par les aliments ultra-transformés dépasse 50 % des apports énergétiques totaux. Les pays cités incluent notamment les États-Unis et le Royaume-Uni.
Stratégies industrielles : la troisième étude examine les pratiques commerciales et de marketing de grandes entreprises agroalimentaires (parmi lesquelles figurent plusieurs entreprises multinationales) et décrit des stratégies de promotion prolongée de produits formulés à partir d'ingrédients transformés.
Recommandations et propositions d'intervention
Les auteurs formulent plusieurs propositions de nature réglementaire et fiscale, parmi lesquelles :
- l'interdiction ou la restriction des publicités ciblant les enfants ;
- la taxation de certains produits ultra-transformés ;
- l'utilisation des recettes fiscales pour financer des programmes favorisant l'accès à des produits frais pour les ménages à faibles revenus. Ces mesures sont présentées comme des options politiques étayées par l'analyse des conséquences sanitaires et économiques liées à la consommation de ces produits.
Critiques méthodologiques et incertitudes
Les auteurs reconnaissent l'existence de critiques à l'égard de la classification NOVA et admettent la nécessité d'études complémentaires pour préciser certains effets liés à des procédés industriels particuliers (par exemple les additifs ou procédés d'aromatisation). Des chercheurs externes ont signalé des réserves méthodologiques, notamment sur l'hétérogénéité des définitions et sur les mécanismes biologiques exacts par lesquels ces produits pourraient affecter la santé.
Observations sur le débat public
Les études mentionnent que certaines entreprises de l'industrie alimentaire ont réagi aux critiques scientifiques par des campagnes visant à contester ou à relativiser les conclusions, ce que les auteurs comparent à des pratiques visant à semer le doute sur des résultats de recherche. Le rôle du marketing et des politiques commerciales est ainsi mis en relation avec la diffusion et la consommation de produits ultra-transformés.
Points à approfondir
Les études identifient plusieurs besoins de recherche : caractérisation précise des procédés industriels susceptibles d'entraîner des risques, études d'intervention évaluant l'impact de mesures réglementaires et fiscales, et analyses socio-économiques sur l'accessibilité aux denrées fraîches pour différents groupes de population.








