Contexte historique
Le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, des tirailleurs revenus d'Europe manifestaient pour le paiement d'arriérés de solde. Ces soldats, souvent désignés sous le terme générique de « tirailleurs sénégalais », provenaient de plusieurs territoires ouest-africains, notamment du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée et de la Haute‑Volta (aujourd'hui Burkina Faso).
Allégations sur le déroulement des événements
Le Livre blanc remis aux autorités sénégalaises affirme que, au matin du 1er décembre 1944, des troupes coloniales et des gendarmes français ont ouvert le feu sur des tirailleurs sur ordre d'officiers français. Le rapport évoque une opération préméditée et organisée visant à réprimer les revendications des soldats rapatriés.
Bilan et divergences sur le nombre de victimes
Les autorités coloniales de l'époque ont fait état d'au moins 35 morts. Le Livre blanc conteste ce bilan et avance une estimation plus élevée, comprise entre 300 et 400 victimes. Le rapport souligne des incohérences dans les sources d'archives et signale des modifications alléguées des registres relatifs à des embarquements entre Morlaix et Dakar.
Enquêtes, fouilles et découvertes archéologiques
Un comité de chercheurs, institué par les autorités sénégalaises en avril 2024, a réalisé des sondages et des fouilles au cimetière militaire de Thiaroye. Depuis le début des opérations, sept tombes ont été exhumées, chacune contenant un squelette. Certains ossements présentent des traces de projectiles et d'autres indices interprétés comme des signes de violences. Des objets liés à des uniformes ou à de l'équipement militaire ont été retrouvés dans certaines sépultures.
Le rapport précise que des prélèvements ADN et des analyses bioanthropologiques sont prévus pour tenter d'identifier les dépouilles et de déterminer les causes de décès. Le comité recommande d'étendre les sondages au-delà du cimetière afin de vérifier la présence éventuelle d'autres dépouilles enterrées en pleine terre.
Comité scientifique et remise du Livre blanc
Le rapport a été élaboré par un comité de chercheurs présidé par l'historien Mamadou Diouf. Le Livre blanc a été remis aux autorités nationales le 16 octobre 2025. Le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a reçu le document et ordonné la poursuite des fouilles pour préciser le bilan des victimes.
Le comité a signalé des difficultés d'accès à certaines archives et l'absence de la liste nominative des quelque 1 300 tirailleurs rassemblés au camp lors des événements.
Recommandations et réactions officielles
Le Livre blanc formule plusieurs recommandations : saisir des instances juridiques internationales, demander la révision de procès, solliciter des excuses officielles de la part de la France et engager des démarches de réparation impliquant la société civile africaine et européenne.
Le ministère des Affaires étrangères français a indiqué, par la voix du chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot, que les autorités françaises prendraient connaissance du rapport et se tiennent prêtes à coopérer avec le Sénégal pour les recherches visant à éclairer les circonstances des événements.
Poursuite des recherches
Les autorités sénégalaises ont validé la poursuite des opérations archéologiques et des analyses prévues par le comité. Le rapport appelle à approfondir les investigations archéologiques et documentaires afin d'établir de manière plus précise le nombre de victimes et les modalités des inhumations.