Contexte
Depuis plusieurs années, la migration de travailleurs en provenance des pays d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan) se diversifie au‑delà des destinations traditionnelles de l'ex‑URSS. La Russie a longtemps été la principale destination des travailleurs centrasiatiques ; les envois de fonds associés constituent une part importante des économies locales.
Évolution récente des destinations
Des accords et programmes de recrutement se sont multipliés entre pays d'Europe et d'Asie centrale, ainsi qu'avec des pays d'Asie de l'Est. Parmi les destinations citées figurent l'Allemagne, la Slovaquie, la Pologne, la Corée du Sud et le Japon. Des négociations sont aussi engagées avec la Finlande, la Norvège, le Canada et les États‑Unis. Le Centre international pour le développement des politiques migratoires (CIDPM) rapporte que certains pays de l'Union européenne ont délivré plus de 75 000 permis de travail à des travailleurs centrasiatiques en 2023.
Motifs de départ
Les motivations déclarées par des candidats à l'émigration comprennent des perspectives salariales plus élevées et des conditions de travail perçues comme plus régulières. Une aide‑soignante ouzbèke a indiqué que le niveau de salaire annoncé l'avait incitée à s'inscrire à un programme d'immigration vers l'Allemagne. Des programmes de formation linguistique et professionnelle sont organisés dans les pays d'origine pour préparer les candidats aux exigences sectorielles et au vocabulaire professionnel.
Programmes de préparation et règles d'emploi
Les centres gouvernementaux et les agences de recrutement proposent des sessions d'information et de formation. Des règles de conduite et des conditions d'emploi sont communiquées aux candidats, parfois avec des contraintes précises liées au lieu et au secteur de travail. Les autorités d'origine encouragent l'envoi de travailleurs vers des marchés développés, en ciblant des secteurs en tension dans les pays d'accueil, tels que la santé et l'industrie.
Témoignages et perceptions
Des travailleurs centrasiatiques partis vers des pays occidentaux rapportent des expériences variées. Un ambulancier ouzbek a exprimé une inquiétude avant son départ pour l'Allemagne et a déclaré espérer faire venir sa famille. Un jeune travailleur kirghiz de 21 ans employé dans un camping en Allemagne a décrit des journées de huit heures, des week‑ends, des congés et des heures supplémentaires payées ; son employeur lui a proposé un nouveau contrat.
Facteurs modifiant l'attractivité de la Russie
Plusieurs éléments rendent la Russie moins attractive pour certains migrants centrasiatiques. Les autorités russes ont renforcé le contrôle de la circulation et des documents des migrants dans certaines régions. Des annonces officielles et des événements politiques et sécuritaires ont également été cités comme facteurs augmentant la vulnérabilité des migrants. Des observateurs indiquent une diminution du nombre de travailleurs originaires d'Ouzbékistan en Russie par rapport à des estimations antérieures.
Limites d'absorption des marchés d'accueil
Les autorités et organismes interrogés estiment qu'aucune autre destination ne peut, pour l'instant, absorber chaque année plusieurs millions de travailleurs centrasiatiques comme l'a fait la Russie par le passé. La diversification des destinations s'accompagne donc de recrutements ciblés pour répondre à des besoins sectoriels précis dans les pays d'accueil.
Perspectives
La géographie de la migration de travailleurs centrasiatiques continue d'évoluer en fonction des accords bilatéraux, des politiques migratoires des pays d'accueil et des conditions économiques locales. Les programmes de formation, les voies légales d'accès à l'emploi et la gestion des flux resteront des facteurs déterminants pour l'orientation des trajectoires migratoires des travailleurs centrasiatiques.