Décision de Moody's
Moody's a maintenu la note souveraine de la France à Aa3 et abaissé la perspective de "stable" à "négative". La décision a été rendue le 24 octobre 2025.
Contexte
Au cours des semaines précédentes, les autres agences de notation ont modifié leur appréciation de la dette française : Fitch a abaissé la note le 12 septembre et S&P Global a opéré une révision à la baisse la semaine précédente. Les agences relient ces évolutions à l'instabilité politique née, selon leurs analyses, de la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.
Motifs évoqués par Moody's
Moody's a justifié le changement de perspective par des « risques croissants d'un affaiblissement des institutions et de la gouvernance en France » et par un « recul partiel des réformes structurelles ». L'agence a souligné le risque d'une « fragmentation durable du paysage politique », susceptible, selon elle, de nuire au fonctionnement des institutions et de rendre difficiles l'obtention de majorités parlementaires et l'adoption de lois budgétaires.
Moody's a également indiqué que, sans budgets permettant de contenir les dépenses ou d'augmenter les recettes, le déficit public pourrait rester « plus large et plus durable » que ses prévisions actuelles.
Réactions et position du gouvernement
Le ministre de l'Économie et des Finances, Roland Lescure, a déclaré « prendre acte » de la décision et a estimé qu'elle mettait en évidence la nécessité d'un compromis sur le budget. Le gouvernement a réaffirmé son engagement à atteindre un objectif de déficit de 5,4 % du PIB annoncé pour 2025 et une trajectoire visant à ramener le déficit sous les 3 % du PIB d'ici 2029, tout en préservant la croissance.
Débat parlementaire et enjeux immédiats
La discussion du projet de loi de finances pour 2026 a débuté à l'Assemblée nationale au moment de l'annonce. Le Parti socialiste, qui a déjà obtenu la suspension d'une réforme des retraites, a menacé de déposer une motion de censure s'il n'obtenait pas des mesures sur la taxation des revenus les plus élevés.
Des acteurs économiques et financiers ont souligné que le vote du budget d'ici le 31 décembre 2025 pourrait influer sur la durée du « sursis » évoqué par certains analystes.
Données économiques et commentaires d'analystes
Les articles comportent les éléments chiffrés suivants : la croissance attendue par le gouvernement a été révisée à 0,7 % pour l'année en cours et à 1 % pour 2026 ; la dette publique est proche de 3 500 milliards d'euros ; la France présente, selon les comparaisons citées, le déficit public le plus élevé de la zone euro et la troisième dette en pourcentage du PIB derrière la Grèce et l'Italie.
Plusieurs économistes cités ont commenté l'impact sur les marchés : Paul Chollet (Crédit Mutuel Arkéa) a indiqué que, du point de vue des taux, les marchés traitaient la dette française au niveau d'une note A ou A-, soit deux à trois crans en dessous de Aa3. Samy Chaar (Lombard Odier) a déclaré que, selon lui, l'activité des entreprises et le marché de l'emploi restaient dynamiques et que la soutenabilité de la dette ne semblait pas menacée, en notant que le compte courant était proche de zéro pour cent du PIB.
Implications
La décision de Moody's maintient la note Aa3 tout en signalant une détérioration potentielle des conditions institutionnelles et budgétaires. L'évolution de la perspective dépendra, selon l'agence et les analyses citées, de la capacité du gouvernement à adopter et exécuter des budgets jugés efficaces pour contenir le déficit et poursuivre les réformes structurelles.








