Contexte et origine
L'appel baptisé « Bloquons tout » a été diffusé au printemps 2025 sur des plateformes de messagerie et de réseaux sociaux. Le collectif « Les Essentiels » a publié en mai 2025 un message appelant à une journée de mobilisation « pour bloquer la France » le 10 septembre. L'initiative, présentée à l'origine comme citoyenne et apartisane, a ensuite été relayée et reconfigurée par d'autres groupes, par des relais syndicaux et par des forces politiques.
Selon des vérifications publiées par plusieurs médias, la visibilité de cet appel a augmenté après des annonces gouvernementales estivales portant sur l'organisation budgétaire et des mesures envisagées par le Premier ministre. Des réunions locales, assemblées générales et groupes de coordination sur des plateformes numériques ont été organisés en amont de la date retenue.
Organisation et acteurs
Le mouvement se caractérise par une structure dite "horizontale" : absence d'instance unique de direction et diversité des organisateurs. Le noyau initial sur Telegram a été rejoint par des collectifs locaux, des personnes issues de la mouvance des « gilets jaunes », ainsi que par des syndicats (notamment la CGT et SUD-Rail) et par des élus ou responsables locaux qui ont exprimé leur soutien public.
Des points de convergence et des assemblées locales ont été signalés dans plusieurs régions, qui ont servi à définir des rendez-vous et des modalités d'action. Certains syndicats ont lancé des appels à la grève le même jour ou à d'autres dates proches pour amplifier la mobilisation.
Formes d'actions annoncées
Les modalités d'intervention annoncées dans la communication publique et sur les canaux de coordination incluent :
- blocages d'axes routiers et de péages ;
- opérations « escargot » sur des sections autoroutières ;
- rassemblements et manifestations sur des places ou devant des institutions (préfectures, centres des impôts) ;
- tentatives de perturbation d'entrepôts, raffineries ou centres logistiques ;
- actions ponctuelles ciblant des radars routiers ou des équipements de surveillance ;
- manifestations dans les gares et appels à des formes de grève dans le ferroviaire ;
- appels au boycott de certains moyens de paiement et à des opérations de « caddies » vides dans des grandes surfaces.
La nature décentralisée du mouvement conduit à une multiplicité d'initiatives locales et à une difficulté d'anticipation centralisée de leur teneur et de leur ampleur.
Mesures annoncées par les autorités
Le ministre de l'Intérieur a annoncé la mobilisation d'un effectif important de forces de l'ordre pour encadrer la journée du 10 septembre, en précisant une consigne de « fermeté » et une instruction visant à procéder à des interpellations en cas d'infractions constatées. Les services préfectoraux et locaux ont pris diverses mesures préventives, dont des arrêtés de périmètre et des dispositifs de surveillance, y compris par drone, dans certains secteurs urbains.
Plusieurs préfets ont publié des arrêtés interdisant des rassemblements non déclarés dans des périmètres définis et des périodes horaires déterminées afin de faciliter la gestion de l'ordre public et des flux de circulation.
Transports et impacts attendus
Autorités ferroviaires et gestionnaires de réseaux ont publié des prévisions de perturbations :
- SNCF : circulation perturbée attendue sur de nombreuses lignes régionales (TER) et sur certains Intercités, ainsi que sur des RER et Transilien gérés par la SNCF en Île-de-France ; les TGV commerciaux (TGV Inoui, Ouigo) et certaines liaisons internationales ont été annoncés comme devant circuler normalement, avec possibilités d'échanges ou d'annulations sans frais pour certains billets. Les horaires définitifs ont été diffusés la veille de la date d'action pour plusieurs lignes.
- RATP : trafic « quasi normal » prévu sur le réseau de métro et les bus ; perturbations indiquées sur le RER B ; maintien de l'interconnexion à Gare du Nord annoncé pour la gestion du flux voyageurs.
- Aviation (DGAC) : la Direction générale de l'aviation civile a prévu des perturbations et des retards sur l'ensemble des aéroports français. Elle a recommandé aux compagnies une réduction temporaire du programme de vols sur certains créneaux et appliqué des mesures de service minimum dans des centres de navigation régionaux et sur certains services aéroportuaires.
Les gestionnaires de réseaux urbains et départementaux ont diffusé des prévisions de trafic réduites pour leurs lignes de bus, tram et métro, et plusieurs agglomérations ont signalé des fréquences limitées ou des interruptions localisées.
Écoles, services publics et entreprises
Des syndicats et des équipes éducatives ont annoncé des perturbations dans des établissements scolaires, des cantines et des services périscolaires. Des préavis de grève ont été déposés dans certaines administrations et établissements hospitaliers, entraînant des annonces de temps de service réduits, de fermetures partielles ou de portiques de service fonctionnant en mode dégradé.
Au niveau local, des collectivités ont invité les usagers à se renseigner auprès des services concernés pour connaître l'évolution des horaires et des services.
Déploiements et plans locaux rapportés
Les agences locales ont recensé des rendez-vous et des opérations annoncées dans plusieurs régions et départements : rassemblements et assemblées à Angoulême (Charente), actions et perturbations prévues à Cognac (collèges concernés par des appels à la grève), points de rendez-vous et blocages envisagés en Gironde (Bordeaux et axes routiers), en Charente-Maritime (La Rochelle, Rochefort, Saintes), dans les Pyrénées-Atlantiques (Bayonne, Pau), en Dordogne, dans les Landes, en Lot‑et‑Garonne et en Auvergne, entre autres.
Ces annonces comprennent des horaires de rendez-vous, des opérations d'occupation de ronds‑points ou d'aires de covoiturage, ainsi que des assemblées générales organisées en fin de journée pour décider des suites éventuelles à donner au mouvement.
Réactions politiques et syndicales
Des responsables politiques et syndicaux se sont exprimés publiquement, sur des positions variées. Le ministre de l'Intérieur a mis en cause certaines infiltrations ou récupérations par des groupuscules et a appelé au maintien de l'ordre. Des représentants de partis et de syndicats ont rappelé le droit de manifester et, pour certains, appelé à des actions maîtrisées et pacifiques. Des élus locaux ont annoncé leur participation à des rassemblements et des collectifs locaux ont appelé à la poursuite des actions au-delà d'une journée.
Incertitudes et recommandations
Les services de renseignement et les autorités ont souligné la difficulté à anticiper l'ampleur précise et la nature exacte des actions en raison de l'organisation décentralisée du mouvement. Les gestionnaires de transports et les administrations ont recommandé aux usagers et aux publics concernés de consulter les communications officielles des opérateurs (SNCF, RATP, compagnies aériennes, collectivités locales) et les messages des établissements scolaires avant de se déplacer.
Les préfectures ont rappelé que le droit de manifester est garanti par la Constitution mais que les blocages et les actes qualifiés d'infractions peuvent entraîner des procédures judiciaires.
Conclusion
La journée du 10 septembre a été planifiée par des collectifs et des syndicats autour d'un appel initial diffusé en mai 2025. Elle mobilise des acteurs divers et des modalités d'action variées, ce qui a conduit les autorités à anticiper des perturbations dans les transports, des opérations de maintien de l'ordre et des dispositifs de gestion locale. L'évolution effective des événements a dépendu des décisions et du nombre de personnes présentes sur les différents points de mobilisation, ainsi que des réponses opérationnelles des services publics et des forces de sécurité.