Contexte politique et résultats électoraux
Les élections législatives tchèques des 3 et 4 octobre ont donné la première place au parti ANO, dirigé par Andrej Babis. Le scrutin a conduit à des négociations pour la formation d'une majorité parlementaire.
Nomination par le président
Le président de la République, Petr Pavel, a nommé Andrej Babis au poste de Premier ministre le 9 décembre. La cérémonie de nomination a été retransmise en direct à la télévision. Le nouveau Premier ministre a été chargé de former un gouvernement dans les semaines suivantes.
Parcours politique et positionnement
Andrej Babis, âgé de 71 ans, a déjà exercé la fonction de Premier ministre entre 2017 et 2021. Homme d'affaires et propriétaire d'un conglomérat diversifié, il est considéré comme la septième fortune du pays. Au cours des années récentes, son parti ANO a modifié ses alliances au Parlement européen et siège désormais au sein du groupe dit "Patriotes pour l'Europe", qui rassemble des formations politiques de sensibilité critique à l'égard de certaines politiques européennes.
Formation de la coalition et orientations politiques annoncées
Pour obtenir une majorité au Parlement, ANO a conclu des accords de coalition avec des formations de moindre taille, parmi lesquelles le SPD et un parti se présentant comme défenseur des automobilistes. Le SPD est décrit comme hostile à l'Union européenne et comme favorable à des positions pro-russes par ses déclarations publiques. Le parti des automobilistes a articulé sa campagne autour de l'opposition à certaines normes environnementales européennes.
Parmi les orientations politiques annoncées figurent des mesures visant à réduire l'aide militaire de la République tchèque à l'Ukraine et à remettre en cause certaines réglementations liées au Green Deal, en particulier les interdictions prévues pour certains moteurs thermiques. Le futur gouvernement a également indiqué vouloir durcir les règles concernant l'entrée des immigrés.
Relations internationales et conséquences régionales
Les observateurs européens se sont interrogés sur les conséquences de la nomination pour la position de la République tchèque sur la guerre en Ukraine et pour les relations au sein de l'Union européenne. Des points de tension ont été relevés en raison des déclarations publiques d'Andrej Babis durant la campagne, notamment ses promesses de suspendre les exportations de munitions vers l'Ukraine, alors que la République tchèque figure parmi les fournisseurs de matériels.
Plusieurs responsables européens ont souligné l'importance du maintien des engagements de la République tchèque vis-à-vis de l'Union européenne et de l'OTAN. Le président Petr Pavel a appelé le futur chef du gouvernement à préserver des relations stables avec ces partenaires.
Affaires judiciaires et gestion des conflits d'intérêts
Andrej Babis a annoncé le transfert de ses actifs principaux, notamment le groupe Agrofert, vers une structure fiduciaire afin de limiter les risques de conflits d'intérêts. Il fait par ailleurs l'objet d'une procédure judiciaire relative à une subvention européenne d'environ 2 millions d'euros destinée à la construction d'un centre de conférences. Il a remboursé la somme contestée ; une cour d'appel a annulé un acquittement antérieur et ordonné la reprise de la procédure. La levée éventuelle de son immunité parlementaire dépendra des votes au Parlement contrôlé par ses alliés.
Calendrier et réactions institutionnelles
Andrej Babis a indiqué souhaiter former son gouvernement à temps pour participer aux réunions européennes prévues en décembre. Le président de la République a exprimé des réserves publiques sur la composition annoncée du futur exécutif, en particulier sur la nomination envisagée d'une personnalité liée au parti des automobilistes. Le Sénat et d'autres institutions conservant des pouvoirs distincts continuent de constituer des contrepoids au sein du système politique tchèque.








