Chronologie des événements
Le 9 septembre 2025, le Premier ministre François Bayrou a remis sa démission au président de la République après avoir échoué à obtenir la confiance de l'Assemblée nationale. Lors du vote organisé la veille, 194 députés ont voté pour la confiance et 364 ont voté contre. Conformément aux usages constitutionnels, François Bayrou a assuré qu'il expédierait les affaires courantes en attendant la nomination d'un successeur.
Le même jour, le président de la République, Emmanuel Macron, a nommé Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. La passation de pouvoir entre François Bayrou et Sébastien Lecornu a été programmée pour le lendemain à midi à Matignon. L'Élysée a précisé que le nouveau chef du gouvernement était chargé de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d'adopter le budget national et de bâtir les accords nécessaires pour les décisions des prochains mois.
Contexte politique
La démission de François Bayrou intervient après une période d'instabilité parlementaire, marquée notamment par la dissolution de l'Assemblée en 2024 et par plusieurs changements à la tête du gouvernement depuis 2022. Le choix d'un nouveau Premier ministre s'inscrit dans un paysage parlementaire fragmenté, sans majorité clairement établie, où la formation d'accords interpartis est présentée comme nécessaire pour assurer la continuité des institutions et l'adoption d'un budget.
Le calendrier politique et social a été cité comme un facteur de contrainte : une journée de mobilisation citoyenne baptisée "Bloquons tout" et une mobilisation syndicale prévues ont été annoncées, et des acteurs politiques ont souligné l'urgence d'éviter un vide exécutif à l'approche de ces manifestations. Par ailleurs, la situation budgétaire et le calendrier d'adoption du budget pour 2026 figuraient parmi les motifs évoqués pour accélérer la désignation du nouveau chef du gouvernement.
Nomination et mission confiée
La présidence a indiqué que Sébastien Lecornu devait consulter les formations politiques représentées au Parlement afin d'aboutir à des accords susceptibles de permettre l'adoption d'une loi de finances et de garantir une gouvernance stable pour les mois à venir. Après ces consultations, il appartiendra au Premier ministre proposé de soumettre au président la composition d'un gouvernement.
L'Élysée a également précisé les priorités assignées au chef du gouvernement : la préservation des capacités de défense, le service aux Français et la stabilité politique et institutionnelle. La préparation d'une ébauche budgétaire a été annoncée comme un objectif prioritaire.
Réactions des forces politiques
Les réactions politiques ont été diverses. Des responsables de l'exécutif et des partis alliés ont appelé à la recherche d'accords avec d'autres formations parlementaires pour assurer une majorité ou au moins éviter une censure. Certains responsables de la droite parlementaire ont exprimé leur disponibilité à négocier.
Les principales formations d'opposition ont indiqué qu'elles continueraient à exploiter les instruments parlementaires à leur disposition, y compris la motion de censure, si elles estimaient que la politique du nouveau gouvernement ne marquait pas une rupture. Des dirigeants de la gauche et de l'extrême droite ont critiqué le choix présidentiel et renouvelé leurs appels à des changements institutionnels, tels que la dissolution de l'Assemblée ou la démission du chef de l'État.
Le Parti socialiste, positionné au centre du jeu parlementaire, a précisé qu'il n'accordait pas de soutien automatique. Certains responsables socialistes ont laissé entendre que des concessions politiques, notamment sur des questions fiscales, pourraient être envisagées dans le cadre de négociations.
Enjeux immédiats
Plusieurs enjeux ont été identifiés comme prioritaires pour le nouveau gouvernement :
- Obtenir au moins une non-censure suffisante au Parlement pour permettre l'adoption d'un budget et assurer le fonctionnement de l'État.
- Préparer et déposer la loi de finances dans les délais imposés par le calendrier parlementaire.
- Gérer les mobilisations annoncées et assurer le maintien de l'ordre public dans le respect du droit de manifester.
- Suivre les réactions des marchés et des agences de notation, la tension politique pouvant influer sur la perception des risques financiers.
Profil et parcours de Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu, 39 ans, a occupé plusieurs responsabilités ministérielles depuis 2017. Il a exercé les fonctions de secrétaire d'État, ministre chargé des Collectivités territoriales, ministre des Outre-mer, puis ministre des Armées à partir de 2022. Il a été présent dans plusieurs gouvernements successifs et son nom avait déjà circulé comme candidat potentiel à Matignon.
Son expérience ministérielle inclut le suivi de dossiers de défense et la négociation parlementaire autour de la loi de programmation militaire. L'annonce de sa nomination mentionne explicitement la mission de consultation des forces politiques et la préparation du budget national.
Prochaine étape
Le nouveau Premier ministre a entamé des consultations avec les groupes parlementaires. Après ces discussions, il proposera au président la composition de son équipe gouvernementale. L'évolution de la situation dépendra des résultats de ces consultations et des éventuels accords formalisés entre formations politiques.
Les développements à court terme à suivre comprennent la constitution du gouvernement proposé, les réponses des groupes parlementaires à cette proposition et la tenue du calendrier budgétaire.