Contexte et Déroulement de l'Offensive
Le gouvernement colombien a lancé une opération militaire significative contre l'Armée de libération nationale (ELN) à la frontière avec le Venezuela. L'objectif principal de cette offensive est de rétablir la sécurité dans la région de Catatumbo, située dans le nord-est de la Colombie. Cette région a été le théâtre de violences intenses depuis que l'ELN a commencé à affronter des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) n'ayant pas signé l'accord de paix de 2016, ainsi que des civils.
Plus de 9.000 soldats ont été déployés dans cette région montagneuse, où l'accès des forces de sécurité a été jusqu'à présent limité. Les premiers affrontements ont eu lieu dans la zone au sud-est d'El Tarra, selon Luis Emilio Cardozo, chef de l'armée colombienne. Les combats ont déjà causé la mort d'au moins 80 personnes et le déplacement de plus de 38.600 individus, constituant la crise de déplacement la plus grave dans le pays depuis 1997.
Implications Politiques et Sécuritaires
Cette offensive survient dans un contexte de crise sécuritaire critique en Colombie. Le président Gustavo Petro, qui prônait depuis son élection en 2022 une stratégie de "Paix totale" à travers le dialogue avec plusieurs groupes armés, a dû suspendre les négociations de paix avec l'ELN en réponse à l'escalade de la violence. Les mandats d'arrêt contre une trentaine de chefs de l'ELN ont été réactivés, certains d'entre eux pouvant se trouver au Venezuela, selon des sources militaires colombiennes.
L'opération militaire vise à reprendre le contrôle des zones utilisées par les guérilleros pour le trafic de drogue, alors que la Colombie reste le premier producteur mondial de cocaïne.
Relations Intrication avec le Venezuela
Parallèlement, le ministre colombien de la Défense, Ivan Velasquez, a rencontré son homologue vénézuélien, Vladimir Padrino, pour discuter de la coopération contre l'ELN. Le Venezuela a confirmé sa volonté de collaborer, même si des tensions persistent entre les deux pays. La Colombie accuse en effet le Venezuela de soutenir l'ELN, tandis que le Venezuela reproche à la Colombie d'abriter des membres du Tren de Aragua, un gang criminel vénézuélien.
Conséquences Humanitaires
La violence a transformé des zones du nord de Santander en vastes camps de déplacés, où affluent des enfants et des personnes âgées cherchant refuge. Le bureau du médiateur des droits de l'homme signale une crise humanitaire sans précédent depuis plus de deux décennies.
Les espoirs de paix et de désarmement des guérillas, alimentés par les précédents pourparlers de paix avec l'ELN, sont désormais menacés par cette reprise des hostilités majeures dans le pays.