Contexte et dépôt de l'offre
Le 14 octobre 2025, Bouygues Telecom, Iliad (maison mère de Free) et Orange ont déposé une offre conjointe non engageante visant l'acquisition de la plupart des actifs de l'opérateur SFR, valorisés à 17 milliards d'euros. Les trois groupes ont indiqué leur intention de se répartir ces actifs selon des proportions proposées de 43 % pour Bouygues Telecom, 30 % pour Iliad et 27 % pour Orange.
L'offre prévoyait un partage opérationnel des activités : Bouygues Telecom et Iliad reprendraient les opérations destinées aux entreprises, les ventes aux particuliers ainsi que les infrastructures et les fréquences seraient partagées entre les trois opérateurs, et le réseau mobile de SFR en zones non denses serait confié exclusivement à Bouygues Telecom. Le périmètre proposé excluait certaines participations et activités d'Altice France, notamment Intelcia, UltraEdge, XP Fibre, Altice Technical Services et les activités dans les départements et territoires d'outre-mer.
Réponse d'Altice France et suite immédiate
Le 15 octobre 2025, Altice France, maison mère de SFR, a annoncé le rejet immédiat de cette offre. Arthur Dreyfuss, directeur général d'Altice France, a informé les salariés que l'offre indicative reçue la veille avait été rejetée.
Le même jour, les trois opérateurs acquéreurs ont déclaré maintenir leur proposition et ont exprimé leur volonté d'engager un dialogue avec Altice France et ses actionnaires en vue d'examiner la faisabilité du projet. Ils ont rappelé que la remise d'une offre définitive resterait soumise à une évaluation financière et opérationnelle et à la conclusion d'accords bilatéraux.
Aspects réglementaires, sociaux et financiers
L'opération éventuelle nécessiterait l'examen des autorités de concurrence et la consultation des instances représentatives du personnel. Les acteurs ont indiqué que le processus, s'il se poursuivait, pourrait durer plusieurs mois et que la remise d'une offre confirmatoire dépendrait de diligences et d'accords supplémentaires.
Sur le plan financier, Altice France a achevé un plan de restructuration de sa dette qui a réduit l'encours de plus de 24 milliards d'euros à 15,5 milliards d'euros au 1er octobre 2025, dans le cadre d'un accord avec ses créanciers, lesquels se sont vu attribuer 45 % du capital du groupe.
Sur le plan social, plusieurs syndicats ont exprimé des inquiétudes concernant les conséquences d'une opération de concentration. La CFDT a estimé que la cession éventuelle de SFR pourrait entraîner des suppressions d'emplois et a exigé des garanties. La CFDT, la CGT et le comité social et économique (CSE) du groupe ont fait appel de la validation judiciaire du plan de sauvegarde accélérée d'Altice France ; une audience d'appel est programmée le 4 novembre 2025.
Le ministre de l'Économie et des Finances a déclaré qu'il serait vigilant quant aux effets éventuels de l'opération sur les prix pour les consommateurs et sur la qualité de service.
Enjeux pour le marché des télécommunications
Les parties prenantes ont présenté l'offre comme une proposition visant à répartir des actifs stratégiques et à préserver la continuité de service pour les clients. Des intervenants du secteur et des analystes ont relevé que l'offre constituait une première étape d'un processus long, et que le prix proposé pourrait être discuté au cours des négociations. Les conséquences potentielles sur la structure concurrentielle du marché et sur les investissements dans les réseaux et technologies devraient être examinées par les autorités compétentes si l'opération devait progresser.
Situation actuelle
Au stade actuel, l'offre conjointe de rachat a été rejetée par Altice France et les acheteurs ont maintenu leur proposition en appelant au dialogue. Toute évolution nécessitera l'accord des parties, des vérifications financières et opérationnelles et l'approbation des autorités réglementaires.